30 VOYAGE AUX SOURCES rôts que je parcourais alors, sans trouver de nouvelles dif ficultés, d’un autre côté elles m’offraient, à chaque pas, des sujets d’admiration. Les arbres dont elles étaient for mées avaient tant de vigueur, ils étaient tellement garnis de feuilles, qu’en plusieurs endroits il ne croissait au- dessous d’eux qu’un très-petit nombre d’arbrisseaux , ce qui, dans ce pays, est assez rare. J’étais, à cette époque, bien accoutumé aux bois vierges, et cependant je ne pou vais en traverser sans les contempler avec ravissement. Quelle richesse de végétation ! quelle pompe! quelle ma jesté! que de variété dans les formes! que de beautés dans les contrastes! Comme le feuillage, composé des .Mimoses, fait ressortir la simplicité des Palmiers! comme les ra meaux d’une Myrtée , couverts de petites feuilles , parais sent délicats et flexibles auprès d’un Cecropia, qui étale quelques branches roides en forme de candélabre! Dans quel délicieux recueillement l’on tombe au milieu du calme profond de ces forêts, qui n’est troublé que par la voix retentissante du ferrador ou le bruit de quelque torrent ! Parmi les arbres qui croissent dans les bois voisins du Parahyba, je vis avec un nouvel étonnement celui qu’on appelle le Cipô matador Liane meurtrière) (1). Il atteint à peine la grosseur de la cuisse et est presque égal dans toute sa longueur; cependant il s’élève à 50 ou 60 pieds, mais on ne le voit jamais isolé; il se presse contre quelque arbre plus gros que lui, et il l’embrasse étroitement à l’aide de racines aériennes qui partent de sa tige et qui, simples à leur naissance, se divisent, se subdivisent et se terminent (1) Voyez mon Voyage dans les provinces de Rio de Janeiro, etc., I, 14.