4 VOYAGE AUX SOURCES dans un terrain marécageux. De distance en distance, cette rivière côtoie de petites collines sur lesquelles on aperçoit ordinairement une modeste habitation entourée de Bana niers. Dans le lointain, je voyais s’élever une portion de la chaîne maritime, dont l’aspect varie à mesure qu’on re monte la rivière. Le ciel, parfaitement serein, était de l’azur le plus éclatant; la verdure des Mangliers et des au tres arbrisseaux qui bordent le petit fleuve avait cette fraî cheur qu’on ne saurait s’empêcher d’admirer dans tous les environs de Rio de Janeiro , et la vivacité de ces couleurs brillantes formait un agréable contraste avec les teintes vaporeuses des montagnes. J’étais parti à midi de Rio de Janeiro ; j’arrivai à six heures à Porto da Estrella, où déjà la rivière a fort peu de largeur. Ce petit village appartient à la paroisse d’Inhu- mirim et ne possède qu’une chapelle bâtie sur une hauteur et dédiée à Notre-Dame (1). Depuis que je voyageais dans le Brésil, aucun lieu ne m’avait offert autant de vie et de mouvement que Porto da Estrella. On a peine à se recon- ct Martius indiquent comme croissant à l’embouchure du Rio da Es trella (Reise in Brasilien, I, 153). — Il paraîtrait, d’après ce que dit Pi- zarro (Jlemorias hislor., VII, 19), que la destruction des mangues (le Rhizophora Mangle, et peut-être d’autres espèces de Mangliers), dont l’écorce est fort utile dans le tannage, donna lieu autrefois à de vives discussions entre les autorités civiles et ecclésiastiques du Brésil. — Très-probablement, dans un but de conservation, les jésuites et l’évêque de Rio de Janeiro s’opposaient à ce qu’on abattît ces arbres ; mais un dé cret (caria régla} du 4 décembre 1678 permit qu’on les coupât, sans avoir égard aux censures de l’évêque et des pères de la compagnie de Jésus. Plus tard, cependant, l'administration civile modifia un peu ses idées destructrices; car un alvarâ du 9 juillet 1769 défendit de couper les mangues, à moins qu’ils n’eussent été auparavant dépouillés de leur écorce au profit des tanneries. (1) Piz., Mem. hisl., III, 261.