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DU RIO DE S. FRANCISCO. 377 pour la régénération du peuple qu’il devrait être jaloux de tirer de son abrutissement. J’ai été témoin de l’heureuse influence qu’exerça sur les habitants de Goyaz un prêtre étranger (1) qui, en leur donnant d’utiles conseils sur la manière de cultiver leurs terres, les édifia, quelques in stants, par ses sages exhortations et par l’exemple de ses vertus. Qu’on repousse des préjugés absurdes de nationa lité et des préjugés philosophiques qui, aujourd’hui mépri sés en Europe, mais nouveaux chez les Brésiliens, passent encore parmi eux pour de la force d’esprit (2) ; que l’on fasse venir à Goyaz quelques ecclésiastiques étrangers, afin de rappeler ce peuple à lui-même et de le rendre à la dignité d’hommes; qu’on renouvelle de temps en temps ces mis sionnaires, pour qu’ils ne se laissentpoint amollir par la cha- (1) Le P. Joseph, dont je parlerai bientôt. (2) Dans un ouvrage imprimé en 1845, M. Kidder, après avoir dit qu’il se fait souvent, à Rio de Janeiro, des ventes de livres, gémit de ce que les écrits délétères, c’est ainsi qu’il s’exprime, des prétendus philoso phes français se trouvent toujours en grand nombre dans ces bibliothè ques et ne manquent jamais d’obtenir des acheteurs. On envoie dans les colonies les modes de l’an passé, et elles y sont prises pour celles du jour; c’est ainsi que les écrivains français de l’autre siècle excitent aujourd’hui, dans les villes du Brésil, cet enthousiasme qu’ils ins pirèrent, de leur vivant, à une génération licencieuse dont ils cares saient l’immortalité. Les habitants de l’Amérique du Sud ne savent point encore que, chez nous, croyants et incrédules ont réduit à leur véritable valeur les livres des sophistes contemporains de Louis XV ; ils ne savent pas que la science moderne a fait justice de toute cette érudi tion de mauvais aloi, qui fut jadis un moyen facile de succès et dont on se servait comme d’une arme pour attaquer ce qu’il y a de plus respec table. Au reste, de nobles pages, que j’ai lues avec bonheur dans l’excel lent recueil intitulé Minerva Brasiliense (Rio de Janeiro, 1843-45), prouvent suffisamment que, parmi les Brésiliens, des esprits élevés connaissent la vérité tout entière et savent dignement lui rendre hom mage.