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414 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. voulut conquérir les pays que je me propose de traverser; mais, malgré les encouragements que le roi donnait en personne à son armée, il échoua de la manière la plus complète. Si j’en croyais K’yengo, je retournerais au Karagoué où Roumanika me fourni rait une escorte pour arriver dans l’Ounyoro par les montagnes de Nkolé. Mais quand il s’est aperçu que cela ne rentrait nullement dans mes vues et que je protestais énergiquement contre toute idée de revenir sur mes pas, il m’a proposé de m’embarquer sur le Nil et de descendre ainsi jusque dans les États de Kamrasi. Je ne demandais pas autre chose, le lecteur le sait déjà ; mais, après l’outrageante réponse du roi de l’Ounyoro, comment faire accepter à notre hôte une pareille combinaison ? — « Mon inten tion, dis-je, à K’yengo serait de pressentir tout d’abord Mtésa sur l’expédition à travers l’Ousoga et le Kidi ; je lui parlerai en suite de retourner à Zanzibar, en suivant la route du Masai et, pen dant que tout ceci sera débattu, j’affecterai la plus grande indiffé rence à l’égard de Kamrasi ; mais quand les autres combinaisons auront avorté, ce qui est immanquable, je solliciterai le passage par l’Ounyoro comme notre dernière et notre unique ressource. Encore faudrait-il voir le roi, pour lui parler à cœur ouvert, et son refus de se montrer nous laisse dans le plus grand embar ras. — Si vous ne le voyez pas, m’a répondu K’yengo, c’est tout simplement qu’il a honte de montrer son visage après toutes les belles promesses qu’il vous a faites et qu’il se sent hors d’état de réaliser.... Prenez patience, et tout finira pour le mieux. » Nous sommes partis vers quatre heures, désespérant d’être admis chez Sa Majesté. 30 juin. — Tout à coup, et par des motifs dont il a seul le se cret, le roi nous a expédié une vache et une charge de beurre que nous lui demandions en vain depuis plusieurs jours. La nou velle lune, qui date de la nuit dernière, a retenu le roi dans son palais où, comme je l’ai dit plus haut, il se livre à toutes sortes de dévotions parmi ses fétiches ou « cornes magiques. » L’esprit de la religion qu’il professe, — en admettant qu’un culte si grossier mérite ce nom, — n’èst pas tant l’adoration d’une divinité bienfaisante que le désir d’apaiser, au moyen d’un tribut, la haine de je ne sais quelles furies, qu’on tâche de se conci lier soit pour détourner les fléaux près à fondre sur le pays,