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466 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. de leur lance. C’était, à coup sûr, une racaille déguenillée, fort différente de ces Vouaganda si alertes, si bien mis, si beaux parleurs, et nous n’avions aucun plaisir à la passer en revue. Néanmoins, leur mission était remplie, et je leur offris une vache que je voulais faire abattre devant eux. Mais leurs chefs, qui prétendaient probablement se réserver cette bonne aubaine, se la firent donner vivante, sous prétexte que les hommes étaient tous au service du roi et ne pouvaient se permettre d’y toucher. La journée fut employée à régler la marche du lendemain ; une avant-garde ira prévenir le roi de notre arrivée ; on doit aussi nous envoyer une lettre qui, bien avant la mission de Baraka, était parvenue au roi de l’Ounyoro, avec une certaine quantité de verroteries. Kidgwiga nous informe que Kamrasi « n’exerce jamais de représailles contre les gens de l’Ouganda, lorsque ceux-ci viennent enlever ses troupeaux ; » d’où je conclus que ce prince magnanime n’a ni le pouvoir ni le courage de punir les déprédations commises à son détriment. Parmi les Vouangouana qui nous restent, il en est qui courraient volontiers après nos déserteurs « auxquels, disent-ils, l’arrivée des Vouanyoro n’eût pas manqué d’inspirer une meilleure résolution. » D’autres, au contraire, ne veulent pas entendre parler d’une pareille démar che : « — Eh ! quoi, disent ceux-ci, tendre une main secourable à ces idiots, qui croyaient en restant ici s’exposer à une mort inévitable, et n’ont pas voulu comme nous affronter le péril! Non, certes ; ils n’en valent pas la peine.... Nous leur avons dit que nous partagerions le sort du Bana, et nous y sommes plus que jamais décidés.... Dieu règle, en effet, toute, chose, et il n’est pas un homme qui ne doive se résigner à mourir lorsque son heure sera venue. * Nous marchons pour la première fois sans musique. On ne la tolère, dans l’Ounyoro, que pour la danse ou lorsqu’on est en campagne. Ce fut, du reste, une marche conforme aux usages du pays, et on fit halte au bout de deux heures. Des éléphants nous furent signalés dans le voisinage. Mon camarade et moi, nos fusils une fois prêts, découvrîmes un troupeau d’une cen taine de femelles, dans une plaine couverte de hautes herbes, çà et là semée de monticules revêtus d’arbustes nains. Nous tirâmes sur une dizaine au moins, sans tuer aucune de ces énormes bêtes, et une seule parut disposée à nous charger. Profitant, pour me