SIX SEMAINES CHEZ KAMRASI. 487 a reçu de moi, je ne refuse pas de l’accepter à titre de souvenir, et je le garderai toute ma vie. » Le soir, on est venu m’avertir que des gens du Gani sont arrivés. Ils racontent que le vaisseau stationné chez eux s’était mis en mesure.de redescendre le Nil; mais, en apprenant que mes gens allaient arriver, les hommes blancs qui le montent lui ont fait rebrousser chemin. 8 et 9 octobre.—La pluie nousaretenus chez nous, avant hier, bien que nous eussions promis à Kamrasi de lui porter nos mé decines. L’entrevue a eu lieu vingt-quatre heures plus tard, et la pharmacie a été minutieusement explorée. Le roi voulait la moitié de chaque drogue, puis il s’est rabattu sur nos moustiquaires, nos couteaux, nos fourchettes, etc. En repoussant toutes ces in discrètes demandes, je me suis permis de lui donner un conseil ; c’était de faire acheter tous ces objets au Gani moyennant une certaine quantité d’ivoire. Ceci a mis en lumière un fait qui n’est pas sans intérêt pour nous; c’est que le messager de Pe- therick, qui est venu ici s’informer de nous, et qui était porteur d’un collier de verroteries adressé au roi de l’Ounyoro, a reçu pour sa peine quatorze dents d’éléphant, treize femmes et sept couvertures de mbougou. Un officier qui Ta reconduit jusqu’à la station a vu Petherick accepter l’ivoire et refuser les femmes. 10 octobre. — Kamrasi a tellement insisté que nous avons dû nous résoudre à lui donner différentes médecines, dosées de notre mieux, en lui expliquant l’ùsage de chacune d’elles : « Prenez bien garde, lui ai-je dit ensuite, que tout en cédant à vos importunités, nous vous remettons des substances dont l’emploi n’est pas sans péril, quand on ignore leurs pro priétés. J’ai donc à vous donner le conseil de n’en user qu’après le retour des enfants que vous voulez faire élever en Angle terre, où ils apprendront comment ces remèdes s’appliquent. — Vous parlez sagement, et avec une tendresse toute paternelle, m’a répondu le monarque, qui était resté couché sur la plate forme de son trône.... Emportez ce pot de pombé 1 » 11 et 12 octobre. —Le roi nous avait permis de chasser avant- hier, mais nous n’avons trouvé que quelques pistes de buffle. J’ai demandé hier à faire partir deux de mes hommes chargés de savoir où est Bombay, absent depuis plus de vingt jours. Sa Ma jesté ne voit pas qu’il faille se presser autant. Si Bombay n’est pas