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470 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. tion s’est renouvelée dans l’Ounyoro; mais cette fois, il n’est plus question que d’une réussite complète et sans condition. Le voyage, seulement, subira bien des retards. » 3 septembre. — Je demande obstinément à savoir pourquoi on nous fait stationner ainsi dans les jungles. « Ramrasi a-t-il peur de nous ?» Il consulte sa corne magique et méfait répondre qu’il n’a plus aucune inquiétude. « Dans quel but, alors, retarde-t-il notre arrivée chez lui ? » Personne ne peut me donner satisfaction à cet égard. On équivoque sans cesse ; on me berce d’excuses contradictoires. J’en viens à me repentir presque de n’avoir pas poussé Mtésa dans la voie guerrière où je l’aurais fait entrer en lui promettant mon assistance; j’en viens à menacer de m’allier aux frères de Kamrasi, qui sont en révolte contre lui. Mes me naces provoquent des rires dédaigneux. « Kamrasi, me dit-on, gouverne tous les pays voisins : l’Ousoga, le Kidi, le Chopi, le Gani,l’Ouléga. Qu’il lève seulement la main, et des milliers de combattants viendront à son aide. » En attendant, on nous remet de sa part cinq volailles et quelques paniers de patates. 4 septembre.— On nous envoie aujourd’hui sept chèvres, de la farine et des bananes. Kidgwiga se formalise de n’avoir été consulté ni sur ce présent ni sur son acceptation. Il réclame la farine, que nous ne voulons aucunement lui accorder. Ses pré tentions, comme principal intermédiaire entre le roi et nous, sont contredites par Vittagoura, Kajunjou, Kwibéya et quelques autres encore. Chacun tient à passer pour « le plus gros homme. » 5 et 6 septembre. — Encore une halte, sous les prétextes les plus frivoles. Frij a fait des rêves menaçants pour l’avenir de notre voyage : mais ces rêves, selon l’usage du pays, doivent s’interpréter dans un sens diamétralement opposé. Sans cela, nous devrions lui croire la cervelle dérangée, et la coutume nous prescrirait de lui appliquer un cautère sur les deux tempes. 7 septembre. — Nous espérions, en nous mettant en route ce matin, arriver jusqu’au palais de Kamrasi, mais, après deux heures de marche seulement à travers ces bois épais qui servent de parc aux éléphants, on nous force de nous arrêter jusqu’à ce que le roi nous envoie expressément quérir. C’est la coutume, même à l’égard des hôtes que * sa corne magique » lui a représentés comme inoffensifs. Et n’est-il pas le roi des rois, le souverain du Kitlara, c’est-à-dire de tous les pays qui environnent l’Ounyoro?