486 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. le magicien qui les passait en revue, tantôt menaçait l’un de sa corne, tantôt flairait la tête d’un autre, et finit par s’assurer ainsi que le voleur ne se trouvait point parmi eux, ce que la clochette, qu’il portait de temps en temps à son oreille, lui confirma d’ail leurs pleinement. De ma hutte il se transporta dans celle de Grant, puis à l’endroit même où le pluviomètre avait été placé. Là, quelques recherches lui firent découvrir la piste d’une hyène. Il la suivit avec empressement, et quelques pas plus loin le vase se retrouva. Une hyène s'en était emparée et l’avait ensuite laissée retomber. Le vieux docteur avait donc, après tout, partie gagnée. Il demandait pour sa peine un pot de pombé; nous y ajoutâmes une chèvre. 6 octobre. — D’après ce que nous dit Kidgwiga, les sœurs du roi — il en a une trentaine.— n’ont pas le droit de contracter mariage. Elles vivent et meurent dans son palais. Leur seule occupation est de boire du lait pour gagner de l’embonpoint. Chacune d’elles absorbe le produit de dix à vingt vaches, et ce régime extraordinaire les engraisse tellement que la marche leur devient impossible. Dans les rares occasions où il faut absolu ment que quelqu’une d’elles quitte la hutte, huit hommes sont mis en réquisition pour la transporter sur une litière. Les frères du roi sont également confinés dans le palais, de peur qu’ils ne suscitent des guerres civiles. Dans l’Ouganda, on les met à mort en vertu du même principe. 7 octobre. — Nouvelles obsessions de Kamrasi. Ce sont des balles qu’il demande; c’est une médecine stimulante, et enfin, « un charme qui lui gagne le cœur de ses sujets. » J’envoie les balles, je promets la médecine, et quant au charme, « je n’en connais pas d’autre que le développement de l’intelligence. » Aussi enverrai-je au roi, s’il le désire, quelques-uns de « mes enfants » (des missionnaires) qui peu à peu instruiront ses sujets et les rendront plus traitables ; mais ce ne sera pas tout de suite. L’éducation d’un peuple n’est pas si promptement ac complie. Mon hôte m’a fait aussi proposer de « mêler son sang avec le mien », ce qui nous rendrait frères pour la vie. Je décline cet honneur qui n’est pas conforme à nos usages. « Les Anglais pro cèdent, en pareil cas, par un mutuel échange de présents. Si donc le roi veut m’envoyer quelque bagatelle en retour de tout ce qu’il