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L’OUNYORO. 475 coup pour nous détourner d’exécuter notre menace... Bref, nous voici dans le West-end de Chagouzi, et on a mis à notre disposition un groupe de huttes tout à fait commodes, au bord de la Kafou. Cette rivière nous sépare seule du palais. Ce n’est pas que notre nouveau séjour soit de tout point l’idéal d’une habitation. Nous sommes au sein d’une vaste prairie, inondée en partie, et dont l’herbe nous monte à la hauteur du menton. Impossible de nous promener, et comme vue, nous avons uniquement celle du pa lais de Kamrasi; puis, par delà, quelques montagnes coniques, dont l’une, Oudongo, nous paraît être le Padongo mentionné par Brun-Rollet qui le place sous le 1° de latitude sud et le 35° de longitude est. Le roi nous a expédié, aussitôt après notre instal lation, deux pots de pombé, cinq volailles, et deux régimes de bananes, prenant soin de nous demander le canif à plusieurs lames que ses officiers ont vu dans les mains de Grant. Je lui fais reprocher, pour toute réponse, de « préférer nos cadeaux à nos personnes. S’il insiste, cependant, il aura le canif qu’il désire ; mais je le lui enverrai, avec nos autres présents, par un homme noir, puisque cette couleur lui agrée mieux que la nôtre. » Les gens de K’yengo nous racontent une campagne qu’ils ont faite avec les troupes de Kamrasi contre ses frères insurgés, et signalent chez les guerriers de l’Ounyoro une lâcheté sans égale. Kamrasi, qui n’a jamais pu mettre les rebelles à la raison, compte maintenant sur notre assistance. 15 septembre. — Censures aigres-douces qui m’arrivent de la part du prince. « Était-ce donc trop demander que la simple vue d’un canif, en échange d’aliments choisis? Le roi n’a jamais songé à le garder, et me l’aurait renvoyé le soir même. » Réplique : — Je regardais Kamrasi comme le roi des rois, et je le regardais comme mon père; maintenant qu’il me demande des joujoux pour l’amuser, je ne puis plus le considérer que comme mon enfant.— Les sages du pays ont trouvé que le Bana parlait à mer veille, avec toute espèce de bon sens et de modération. Seulement il en coûterait cher, à tout autre qu’à un blanc, d’offenser leur souverain par un langage pareil. Kajunjou, pour me rendre compte des ajournements indéfinis que nous sommes appelés à subir, les rejette sur la présence à la cour d'un grand nombre d’hôtes arrivés du Gani, du Kidi, du Chopi et de vingt autres districts. Ils prennent congé, on leur fait