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' — 494 — chiens, pour les rendre femblables à ceux de Kebec, & de tuer cet importun Tonnerre qui les eftourdiffoit de fon bruit, car ils croyoient qu’il eftoit un oyfeau fort délicat qu’on mangeoiten France, couuert de fort belles plumes, & nous demandoient fi les pennaches de nos gens eftoient de fes plumes, & s’il auoit bien de la graiffe, & pourquoy il faifoit tant de bruit, & de la caufe des efclairs, & de ces roulemens, & ie fatisfai- fois félon ma petite capacité à leur demande, & les de- trompois leur faifantvoir qu’ils ne deuoient penferfi peu apparemment des chofes, ny croire à tous efprits de quoy ils reftoient fort contens & fatisfaits, car ils font bien ayfe d’apprendre, & d’ouyr difcourir des chofes qu’ils ignorent, pourueu qu’on leur parle fe- rieufement, & en vérité, & non point en gaulfant, ou niaifant, comme faifoient nos François. Ils furent fort eftonnez entre autre chofe, auffi bien que plufieurs fimples gens d’icy, d’ouïr dire que la terre fut ronde, & fufpenduë fans autre appuy que de la puiffance de Dieu, que l’on voyageait à l’entour d’icelle, & qu’il y eut des Nations au deflbus de nous, & mefme que le Soleil fit fon cours à l’entour; car ils 538 penfoient que la terre fut || pofée fur le fond des abyfmes des eauës, & qu’au milieu d’icelle il y eut un trou dans lequel le Soleil fe couchoit iufques au len demain matin qu’il fortoit par l’autre extrémité. Cette opinion eft quafi conforme à celle des Peruen- nois, lefquels quand ils voyoient que le Soleil fe cou choit & qui fembloit fe précipiter dans la mer, qui en toute l’eftenduë du Peru eft du cofté du Ponent, ils difoient qu’il entroit dedans où par la violence de fa