Volltext Seite (XML)
— 422 — riuiere, où ils fontreceus du refte du peuple, auec une ioye & acclamation uniuerfelle de tous, leur difans qu’ils font bien vaillans & courageux d’auoir eu le deffus de leurs ennemis, & amené plufieurs prifon- niers, tous lefquels de ce pas, font conduits dans la cabane de leur Capitaine, où fa femme & fes amis préparent un magnifique feftin de tout ce qu’ils ont de meilleur, qu’ils leur donnent auec autant de gayeté, que s’ils auoient conquis un Empire, ou obte nu la paix pour leur païs. Il faut que ie die ce petit mot, qu’à la vérité nul ne fe peut dire heureux que celuy qui vit contant, ils ont peu & peu de chofes les contente, ils font comme les petits enfans, qui croyent eftre beaucoup quand ils ont une plume fur leur bonnet, ou comme les Hy- pocondres qui s’imaginent d’eftres * Roys, Empereurs ou Papes, & ne commandent qu’à des mouches. Lorfque les foldats Montagnais fe iettenten l’eau, & cedent leurs canots & tout ce qui eft dedans aux ieunes femmes & filles, qui leur vont à la rencontre, ils ne font pas fi fimples que d’y lailfer leur meilleur butin, mais auparauant que de fe faire voir, ils en ca chent la plufpart dans les bois, qu’ils vont requérir quelque temps apres, & ne laiflent dans leurs canots que ce qu’ils veulent perdre, &que par ainfi les fem- 438 mes n’ont pas fouuent grand chofe, & || quelquefois rien du tout, car les armes font iournalieres, ils ont quelquefois des victoires, ils ont auffi fouuent des per tes, comme le cancre, qui eft pris penfant prendre. Ils attachent leurs prifonniers à la barre de leur canot auec une corde, qui leur prent par les deux