- 4*7 — Mais pour ce que nous ne voulufmes pas quitter noftre ancienne cabane pour nous placer dans la ville, les Sauuages nous aduertilïoient de nous donner fur nos gardes, àquoy nous ne manquions pas, car il ne faut point tenter Dieu, & négliger fes affeurances, c’efl pourquoy nous barricadions noftre porte toutes les nuiéts, auec greffes bufchesdebois pofées les unes fur les autres, auec deux paulx derrière piquez en terre, & n’ouurions point à heure indue à qui que ce fuft, linon aux François. Or pour ce que la guerre n’eft en rien bonne, fi elle n’eft pour le fouflien de la foy, & que les Neutres qui pouuoient faire iufques à cinq ou fix mille hommes n’eftoient que trop fort * pour deux mille hommes que nos Hurons peuuent faire au plus, nous fufmes les intercefïeurs de la paix, comme i’ay dit ailleurs, & donnafmesnos raifons, lefquelles nous acquirent quel que chofe fur leur efprit, & la promelfe qu’ils fe tien draient en paix, & ne penferoient plus à la guerre, li les Neutres ne les y obligeoient, & que ce en quoy ils auoient auparauant fondé l’efperance de leur falut effoit en noftre grand efprit, & au || fecours que quel- 452 ques François mal auifez leur auoient fait efperer de Kebec : outre une tres-bonne inuention qu’ils auoient conceuë en leur efprit, par le moyen de laquelle ils efperoient tirer un grand fecours de la Nation du Feu, ennemis iurez des Neutres. L’inuention effoit telle, qu’au pluftoft ils s’eïforce- roient de prendre quelqu’un de leurs ennemis, aux quels * ils couperaient la gorge, & que du fang de cefl ennemy, ils en barbouilleroientla face & tout le corps