— 4 20 — guerre, & font eftat de ces fubrogez, comme s’ils ef- toient leurs propres enfans, lefquels eftans paruenus en âage, vont auffi librement en guerre contre leurs parens, que s’ils eftoient naiz ennemis de leur propre patrie, qui eftun tefmoignage euidentdu peu d’amour que les enfans Sauuages ont pour ceux qui leur ont donné l’eftre, puis que fi toft ils en oublient les bien faits paffez par les prefens, comme i’en ay veu l’expe- 455 rience en plufieurs, ou bien telle || eft leur couftume paffée en loix en toutes ces Nations. l’ay leu de certains peuples qui conferuent leurs ieunes prifonniers de tout fexe pour leur feruir, puis les mangent quand la fantafie leur en prend, apres de longs feruices ; qui eft une cruauté bien esloignée de la douceur & humanité de Plutarque, lequel comme il difoit de luy-mefme, n’eufl pas voulu tuer le bœuf qui luy euft long-temps feruy, & encor moins un ef- claue fait à l’image de Dieu, car celuy qui eft cruel aux beftes, l’eft ordinairement aux hommes. Quand nos Hurons ne peuuent emmener toutes les femmes & filles, auec les enfans qu’ils ont pris fur leurs ennemis, ils les tuent fur les lieux, & en em portent les telles, ou les peaux, auec la cheuelure. Il s’en eft veu (mais peu fouuent)qu’ayans amené de ces femmes & filles dans leur pays, le defir de vengeance leur en a faiét palier quelqu’unes par les mefmes tour- mensdes hommes, fansqueleslarmesde ce panure fexe, qu’elles ont pour toute deffence, les aye pû efmouuoir àcompaffion, & exempter pour un peu d’un fi furieux orage, plus miferables & malheureufes en cela, que certains Hollandois, lefquels ayans efté pris en qualité