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José Marianno, qui m’avait précédé, avait demandé l’hospitalité à la porte de l’habitation de S. Antonio, et une négresse lui avait indiqué un petit bâtiment qui n’était point occupé. Quand j’arrivai, je trouvai cet homme de fort mauvaise humeur, parce que, disait-il, on voulait nous loger dans un endroit rempli de puces et de chiques (bichos depé, pulex pénétrons], J’étais si malheureux quand je voyais le mécontentement peint sur la figure de ceux qui m’accompagnaient, que j’allai demander un meilleur gîte. Une mulâtresse me soutint qu’on n’en avait pas d’autre à me donner, et, poussé par José Marianno, je commençais à m’échauffer, lorsque arriva le maître de l’habitation. Sa bonhomie me désarma ; il fit balayer la maisonnette que l’on nous avait offerte, et j’en pris possession. Au milieu de la petite dispute que nous avions eue d’abord, ce brave homme s’était écrié : On me tuerait plutôt que de toucher du pied la chambre habitée par mes fillesI Dans cette province, où tant de femmes se prostituent, un père de famille honnête doit naturellement tenir ce lan gage , puisque l’usage exige qu’une personne du sexe qui veut se respecter reste à l’écart et n’ait aucune communi cation avec les hommes. Je demandai à mon hôte si, cette année-là, il avait passé beaucoup de grandes caravanes venant de Rio de Janeiro, de Bahia ou de S. Paul; il me répondit qu’il n’en avait encore vu aucune, et que, en général, elles n’arrivent guère qu’après la S.-Jean : elles ne sauraient atteindre plus tôt le terme de leur voyage, car elles ne peuvent rai sonnablement se mettre en route avant la fin de la saison des pluies. Jusqu’au Rio das Aimas, que l’on retrouve à environ