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PALAIS DES PODESTATS A ORVIETO. DOUZIÈME SIÈCLE. Que cette dénomination royale ou princière de palais n’apporte ici ni surprise, ni ombrage. La langue italienne n’a pas comme la nôtre une désignation inter médiaire pour indiquer l’habitation des grands qui n’ont pas titre de souverai neté. En France, l’on appelle hôtel la demeure personnelle, séparée et distincte, d’un riche personnage, qu’il soit prince sans sujets, ou gentilhomme, ou mar chand enrichi des faveurs de la fortune. Il n’en est pas de même chez nos voi sins. Dès qu’une maison s’éloigne un peu, par son développement, des con structions vulgaires, dès qu’elle revêt quelques apparences extérieures de grandeur et de luxe, aussitôt elle est élevée à une prétention, à une dignité de nom qui contraste trop souvent avec sa réelle importance. Cependant les palais italiens sortent en général de la règle commune pour l’étendue et la décoration plus richement accentuée de leurs dehors. Ce sont d’ordinaire de vastes bâtiments qui annoncent la richesse ou la grandeur. S’ils n’ont point été à l’origine réservés exclusivement soit à la noblesse, soit aux pouvoirs publics, il est pourtant vrai de dire que les principaux d’entre eux ont reçu depuis des siècles cette destination do plus en plus restreinte. Notre pré cédente notice en est une première preuve, et celle-ci nous fera mieux voir encore comment les habitants d’une petite ville d’un coin retiré de l’Italie enten daient honorer leurs chefs, en leur donnant pour l’exercice de leur pouvoir, un asile digne des hautes fonctions qui leur étaient confiées. Mais quelle était donc cette magistrature des Podestats, pour qu’un palais lui fût consacré au centre de tous ces petits gouvernements? Quelle était cette puis sance publique, pour que la demeure de ceux qui en étaient investis fût dési gnée comme l’habitation d’un monarque? Un auteur, plus renommé peut-être encore par ses préventions philosophiques que par son talent d’écrivain et d’his- 8