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2 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. quab le création que cet asileélevé par lai, dans cette petite cité, pour abriter les malheurs et les souffrances des hommes. Aucun monument de destination sem blable, sous quelque aspect qu’on le veuille considérer, ne peut prétendre à réunir plus de favorables conditions. Lebon goût y règne en maître, pour relever et ennoblir l’utile jusque dans les plus communes manifestations de ses usages. La proportion, l’étendue, l’ornement, la grâce, la solidité, tout concourt dans une parfaite harmonie à produire le plus frappant effet. Une munificence bien entendue n’en exclut point une sage et large économie. Pour faire bien com prendre tant d’avantages réunis, il nous suffira, nous l’espérons, d’en donner avec nos dessins une courte mais exacte description. Nous n’oublierons point aussi qu’un établissement de cette nature doit être étudié non moins dans ses rapports avec l’art que dans son but d’utilité publique. Pour nous, ces deux points de vue se résument dans le bien commun élevé à sa plus haute réalisa tion : ils seront nos seuls guides dans les choix (pie nous voulons faire pour notre publication. C’est pourquoi nous avons voulu commencer par un de ces refuges des misères de toute nature, aujourd’hui si déshérités de grandeur et de beauté, trop souvent même de simple convenance. Par là nous montrerons comment nos ancêtres, à une époque aussi profondément méconnue qu’injustement décriée, connaissaient et pratiquaient l’union si difficile de l’utile et de l’agréable dans tout ce qu’ils fondaient pour eux, et plus encore pour les générations futures. Rien ne prouve mieux assurément à quel degré ils savaient atteindre ce double but, que le modèle sorti de leurs mains en élevant l’Hùtel-Dieu de Beaune. Pour cette œuvre, exemplaire unique en son genre dans tout ce pays, rien ne fait défaut : piété, largesse du fondateur, généreux encouragements du souverain, talent, originalité féconde de l’artiste, sympathie ardente de toutes les âmes inspirées par la charité, confiance du pauvre, espérance de celui qui souffre, science dévouée à ses devoirs, tout s’unit et se concentre ici pour réaliser l’une des plus étonnantes conceptions que puisse nous offrir le passé chrétien de notre civilisation. Et d’abord, transportons - nous par la pensée au milieu du plan général de cet édifice qui « ressent plutôt un château royal, que le logis des pauvres », suivant la naïve expression d’un auteur ancien. Dans cette cour d’honneur où nous nous plaçons, l’œil n’est pas moins satisfait de l’effet gran diose de l’ensemble que du jeu pittoresque et harmonieux de ses diverses parties. Certes, il serait difficile de rendre l’impression produite à l’aspect de toutes ces constructions de premier jet ; mais nous ferons nos efforts pour que le détail descriptif de l’intérieur et de l’extérieur de chacune d’elles en donne une repré sentation satisfaisante pour l’esprit. Ce grand parallélogramme, à l’origine, était ouvert au soleil couchant, dont les rayons devaient animer toute cette scène d’un singulier mouvement. Les bâtiments primitifs, qui semblent avoir constitué en entier le projet initial, fer-