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HOPITAL DE BEAI NE. 5 Seigneur Jésus-Christ et de celle de la Sainte-Vierge sur les deux pignons sur éminents de ce vaste vaisseau. Enfin, ils rendent au svelte clocher de bois et d’ardoises, qui domine toute cette scène, sa première décoration et le carillon de ses vieilles cloches ; et alors, de ce travail de l’imagination, de la vue de tous ces objets, plutôt énumérés ici que décrits, résulte un tableau de l’effet le plus saisissant pour l’esprit. L’impression qu’il laisse est un profond sentiment de surprise, d’admiration et de curiosité. Ce synthétique regard nous conduirait naturellement à l’examen de chaque détail et pourrait devenir ainsi le sujet d’une étude intéressante. C’est un regret pour nous de ne pouvoir pas même arrêter notre attention sur quelques-unes de ces parties où se montre, avec le fini du travail, le jet le plus heureux et le plus imprévu de composition. Une monographie détaillée suffirait à peine à reproduire ces merveilles de plomberies, de ferrures et de boiseries jetées là partout à profusion. Après cet aperçu général, ce rapide panorama de la cour intérieure, un autre spectacle, moins varié sans doute, nous attend au dehors du côté de la ville. De la voie publique brisée comme à dessein au point où nous nous plaçons, près de la demeure des aumôniers, tout à coup l’œil découvre de profil le plus mer veilleux, le plus fantastique pendentif ou porche en forme d’auvent. Il y a tant de légèreté, tant de souplesse dans sa contexture, qu’il semble n’être en quelque sorte soutenu que par l’air à la place qu’il occupe. Qu’on s’imagine donc quatre pinacles en prismes tronqués , d’un mètre environ , rapprochés en croix par leur face taillée en bizeau ; chacun, à sa base, se transforme en arcade cin trée et en voûte à nervures déliées, peinte d’azur et d’étoiles d’or : leurs bords, accidentés, crénelés de choux-frisés, tombent en culs-de-lampe, deux en arrière, figurant de petits anges avec le double écusson aux armoiries de la maison, et deux en avant s’effilant en minces gargouilles. Les versants triangu laires en ardoises se terminent par une frise découpée, une crête de dentelle en plomb de la plus fine ciselure : du milieu de celle-ci, et de ses extrémités à la pointe des pinacles, s’élancent hardiment quatre aiguilles terminées en belles consoles : celle du centre porte une girouette peinte aux couleurs héraldiques des Rolin, qui brillent par-dessus tout cet ouvrage ; les trois autres sont couron nées par les statuettes de saint Nicolas et de saint Jean-Baptiste, à droite et à gau che, et antérieurement par celle de la sainte Vierge. La charpente de ces petits toits d’une coupe si mouvementée s’appuie tout entière sur des poutrelles profondé ment enclavées dans le mur de la façade. Tel est l’édicule qui s’offre de prime- abord à la vue et qui la charme par son élégant et ingénieux agencement. Cette couronne d’une si admirable texture, depuis plus de quatre siècles, abrite du soleil et de la pluie ceux que la maladie ou le besoin conduisent à la porte de ce lieu, qui s’ouvre à tous comme une consolation ou une espérance. Nous ajou tons que les ornements seuls, après les mutilations du temps et de l’ignorance,