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FERME DE MESLAY. 33 de ferme; peut-êlre est-elle la seule qui subsiste aujourd’hui aussi intacte et aussi facile à reproduire, dans ses plus minces détails. Ces motifs nous ont déterminé à nous appesantir davantage sur cette portion de l’édifice entier. Le modèle accompli qu’elle nous offre aurait ses chances d’application, si quelques- unes de ces rares fortunes de nos jours se sentait inspirée de fonder un établis sement proportionné aux besoins de ces pays qui sollicitent leurs sacrifices dans leur pénurie ou leur abandon. A peine aurons-nous pénétré au delà du second arc d’entrée, celui-ci, en cintre surbaissé faiblement, par opposition au premier qui devait avoir pour l’œil des visiteurs une forme plus noble dans son contour tout à fait semi- circulaire, immédiatement au fond de la cour, et un peu vers la droite, non loin de la grange qui appellera bientôt toute notre attention, on aperçoit une large tour : c’est le colombier, appendice nécessaire de la pleine propriété, ou de la possession seigneuriale. Les terres entièrement affranchies avaient seules le privilège de porter ces sortes de constructions. Meslay était de ces biens aux quels pouvait être attribué cet avantage; mais le colombier que nous voyons là n’est point celui qui a existé d’abord. La base de l’ancien jusqu’à une cer taine hauteur, a servi de point de départ à la partie récente de la tour actuelle. Nous regrettons que cet innocent donjon qui dominait sans doute tout ce qui l’entourait, sans avoir rien de menaçant pour la vie des hommes, ne nous soit point parvenu dans son état originel ; les dévastations dont nous avons parlé plus haut, ont pu le faire disparaître comme d’autres bâtiments d’une plus réelle utilité. S’il nous fallait reproduire dans une ferme nouvelle une de ces adjonctions d’un effet d’ordinaire si pittoresque, nous en trouverions en maints endroits de bons exemples à imiter. Port-Royal-des-Champs, au milieu de ses ruines déplorables, a gardé la tour qui protégeait les nombreuses couvées de ses pigeons; c’est là tout ce que les solitaires de cette champêtre et savante retraite ont laissé de ses pierres non renversées à ceux qui prétendent encore aujourd’hui suivre leurs traditions et leurs traces. Les Vaux-de-Cernay, dans la charmante vallée de Chevreuse, ont eu le même avantage. Il ne serait donc point difficile de retrouver maintenant les formes précises et la physionomie de cet accessoire qui donne tant de mouvement et de vie à l’entour de lui. Mais la partie la plus intéressante de toutes les constructions si bien groupées sur les différents côtés de la cour, à tous égards, c’est la grange. Sous les beaux arcs de l’entrée, du dehors même, un peu à gauche de l’axe du portail, l’on découvre ce vaste bâtiment. Par ses grandioses proportions, il domine tout ce 1. Les habitants du Maine, qui ont conservé jusqu’à ce jour, dans leur langage, beaucoup de nuances caractérisliques des expressions ayant un sens féodal, appellent un colombier une fuie. C’était ainsi qu’ils désignaient, sans ironie du reste, le donjon des petits seigneurs, comme ils réservaient aussi le simple nom de « logis » à leur demeure, et celui de « château » à l’habitation des grands vassaux. 5