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PALAIS ÉPISCOPAL DE .BEAUVAIS. 123 ses heureuses proportions, le mérite réel qui résulte de ce que nous pouvons appe ler la disposition caractéristique de son appareil, la rare élégance de sa forme, son adjonction si bien ménagée à son mur de tangence, la noble attitude qu’elle semble tenir en héritage de sa devancière, tout en fait pour nous un objet propre à fixer notre attention un moment, et bien digne assurément d’être donné en exemple. Peut-être est-elle à présent le seul spécimen resté debout et aussi intact de ces constructions romanes qui sont destinées à être de plus en plus appré ciées dans la pratique de l’architecture. Si l’on ajoute à ces motifs que le système des tours est devenu de nos jours d’une application fréquente, notre choix n’en sera sans doute encore que mieux justifié. Nous retrouvons à chaque pas ce mode d’appendice adopté pour les châteaux, élevés trop souvent avec plus de frais que de goût, par nos modernes Crésus. Il n’est maison d’un peu d’impor tance qui ne prétende en flanquer ses quatre angles comme complément, surtout si elle est placée à l'écart de voisins, dans l’espace plus libre de nos campagnes. Puisque nous croyons avoir rencontré comme un idéal de ce genre de construc tion, on trouvera bon, nous l’espérons, que nous tentions de le mettre à profit pour montrer tout ce qui se peut, dans l’espèce, proposer en même temps de plus gracieux, de plus utile et de plus solide à imiter dans nos grandes et élégantes constructions. L’historique que nous allons retracer de cette ruine, réparée de puis peu par la sollicitude du département et de l’État, servira à prouver, avec l’aide de nos dessins, que notre appréciation n’est point exagérée. La tour romane du palais épiscopal de Beauvais surgit du fond même des anciens fossés de la ville que remplit la petite rivière appelée le Terrein. Sa base est un épais mur en talus, où le petit appareil en pierres carrées de douze à qua torze centimètres, moins de six pouces, trahit d’une manière évidente l’habile et puissante main des Romains. La même empreinte se reconnaît au soubasse ment de la courtine, qui réunissait cette tour à une autre semblable que le sen timent de la symétrie avait fait élever en pendant à l’extrémité septentrionale du bâtiment : celle-ci, sous le prétexte que sa chute était imminente, a été malen contreusement détruite et remplacée par une manière de cage d’escalier carrée du plus disgracieux effet. Toute cette même façade de l’évêché reposait jadis sur les fondations de l’enceinte guerrière, et il est vraiment digne de remarque que la résidence seigneuriale des évêques de Beauvais au moyen âge se soit entée de la sorte, avec d’égales chances de durée et de solidité, sur les vieilles assises des murailles romaines. La hauteur totale comprend trois étages, sans compter l’étroit caveau qui répond à la surface du cours d’eau, ni le chapeau pyramidal de la toiture en ardoises. Trois bandeaux circulaires, servant d’appui aux fenêtres et à leurs me neaux, indiquent ces divisions. Toutes les baies sont surmontées d’un linteau de pierre d’une seule pièce, et toutes aussi, simples en bas ou géminées plus