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PALAIS ÉPISCOPAL DE BEAUVAIS DOUZIÈME EX QUATORZIÈME SIÈCLES. Il est universellement admis que l’habitation des évêques était autrefois, comme elle l’est encore aujourd’hui, un monument presque exclusivement civil. Dans les temps reculés, à ce caractère s’en joignait quelquefois un autre, plus frappant encore, qui en faisait au besoin un édifice militaire. En Europe, de hauts dignitaires de l’Église étaient constitués de droit princes temporels. La France, parmi ses douze pairs du royaume, en comptait six pris de l’ordre ec clésiastique. Au siège épiscopal de Beauvais était attachée cette éminente préro gative de l’ancienne pairie. En outre, la seigneurie de la ville appartint long temps aux chefs spirituels de ce diocèse, de telle sorte que les heureux prélats de cette cité réunissaient à peu près entre leurs mains tous les pouvoirs effectifs de la souveraineté; car la suzeraineté du roi, incontestée d’ailleurs, était plutôt à cette épogue un suprême honneur qu’une réelle juridiction. De telles conditions nous expliquent assez le rôle important que jouèrent au moyen âge ceux à qui échut à la fois, pour gouverner cette contrée, et le pouvoir sacré et la puissance séculière : elles nous rendent compte encore de la force, de l’étendue, de la ri chesse et de la splendeur que dut revêtir leur principale demeure ; et ce sont quelques débris des marques de cette grandeur, quelques pans des murailles destinées à en abriter les dépositaires, que nous recueillons aujourd’hui, afin que toute une œuvre d’un passé si fécond ne s’efface pas en entier de notre sol sans laisser à l’avenir un de ces legs qu’à juste titre nous regardons comme une bonne fortune pour l’art. Bien qu’en apparence la simple partie d’un grand ensemble à laquelle nous nous attachons ici ne soit qu’une pièce isolée et solidaire en même temps du corps de bâtiment dont elle dépendait originairement; bien que ce morceau, arraché par le hasard à la destruction, n’annonce, pour ainsi dire, qu’une importance acces soire en soi, cependant la valeur que lui donnent, sous le rapport de l’esthétique,