MAISON DE LA VILLE DE CORDES. 163 et rapprochées deux à deux avec régularité. Des chapiteaux des colonnettes et des profondeurs des moulures s’échappent de petits animaux, des feuilles et des fleurs d’un travail extrêmement soigné. Une petite fenêtre en tiers-point, de la forme la plus élégante, n’a pu être exactement percée à égale distance des autres ogives : pour toute l’ornementation, elle est d’une incomparable délicatesse, foutes les fenêtres, semblables entre elles aux deux étages, ont en dedans des sièges latéraux merveilleusement disposés pour la curiosité comme pour la con versation. Les surfaces intérieures étaient recouvertes en entier d’une manière de badigeon très-durable. Quelques lignes de peintures rouges et bleues rendaient avec précision les diverses assises de pierre. Les vitraux sont demeurés avec leurs plombs aux seuls petits trèfles qui correspondent aux colonnettes; tous les au tres châssis ont été détruits avec leur ferronnerie et leurs volets. 11 n’est plus possible de distinguer à présent l’emplacement de l’escalier primitif, les change ments incessants apportés par les propriétaires successifs n’ont pas laissé trace de son ancienne position. Les cheminées ont été refaites partout dans un temps assez rapproché de nous ; des membres si importants de l’architecture ne pou vaient guère être respectés par les exigences de nos mesquins arrangements d’aujourd’hui. Plus haut, du même côté, en face de l’Église, serait, selon l’opinion commune, la maison du veneur. La chasse est manifestement représentée ici par plusieurs animaux de la plaine et des bois. Mais la sculpture n’y est plus aussi achevée ni la construction aussi soignée que dans la précédente, dont la pierre était en même temps du grain le plus fin qu’on eût pu rencontrer. Une symétrie parfaite règne à peu près sur toute la façade qui nous occupe. Trois étages constituent le grand corps de bâtiment, depuis la base jusqu’au toit qui se prolongeait au delà du mur comme pour former auvent, suivant l’assertion des anciens du voisinage. Enfin venait la maison dite du Fauconnier. Elle était située presque en face du palais des comtes. La grande et belle ordonnance de toutes ses parties la rendait également bien remarquable. Les panneaux de sa porte sont garnis de clous qui laissent voir une habile main dans ce genre de ferrements. Des anneaux en fer étaient autrefois appendus aux murs de chacun de ces magnifiques hôtels; ce qui tend à prouver une fois de plus qu’ils étaient des signes de distinction nobi liaire, de privilège ou de dignité politique, puisqu’on n’en trouve plus de traces aux maisons plus modestes de développement et d'apparence. Qui le croirait? ceux qui possèdent aujourd’hui ces grandes habitations, après les avoir divisées par leurs achats, n’en ont pas moins conservé des por tions notables de leur antique mobilier. On y garde de beaux coffres de temps éloi gnés, des sièges en bois avec dais à jour, des tables, des coffrets et autres objets qui, par leur réunion bien combinée, formeraient une très-intéressante collec tion pour les étrangers. Mais ces richesses sont enfouies çà et là dans des gre-