158 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. avant qu’on le mît à mort. Du reste, celte galerie, par son architecture intérieure, n’est nullement en rapport avec l’extérieur de l’édifice. La décoration tout en tière en appartient au xvn e siècle. Quatre hautes ogives, au premier étage de ce grand pignon, portent le jour à une pièce plus vaste que la précédente. Ces fenêtres à meneaux sont séparées les unes des autres par autant de trumeaux ou pleins avec encadrements trilobés en haut : cinq statues d’évêques ou de saints s’abritent chacune sous un dais assez peu délicatement sculpté. Nous nous sommes plu à revenir de la sorte sur nos pas afin de ne rien omettre d’important dans notre description. Et puis nous touchons à la partie la plus soignée du bâtiment, où siégeaient sans doute autre fois les conseils de la communauté; car c’était à eux qu’il devait être réservé de se réunir là, et de délibérer sous la protection du Christ bénissant et des saints patrons dont les statues s’appuient aux parois mêmes qui circonscrivent l’en ceinte consacrée aux débats de leurs intérêts publics. La figure de la sainte Vierge est répétée jusqu’à trois fois sur ce pignon : son couronnement par son divin fils est représenté tout en haut sous un riche baldaquin de pierre : c’est du moins ce qu’il nous a semblé distinguer en nous plaçant au point le plus convenable de la place environnante. Ce sujet pieux surmonte la statue d’un empereur, de celui probablement dont le règne aurait vu s’achever cet édifice. Dans différents médaillons disposés triangulairement entre eux, des aigles portent un écusson aux armes impériales. Si nous en croyons des renseignements qui nous ont été transmis, il existait autrefois sur des surfaces lisses des figures peintes de che valiers et de princes; elles auraient été détruites dans une restauration peu intel ligente; ce malheur de tout anéantir serait donc commun à tous les pays. Cependant, on s’étonnera de n’avoir ni les plans ni les coupes de ce bel hôtel de ville. Mais l’on sait assez que la plupart des monuments civils ou domes tiques de l’époque ogivale ne se faisaient jamais guère remarquer par là. Les grandes dispositions d’ensemble comme tous les petits arrangements d’intérieur, si bien entendus de nos jours, étaient complètement négligés alors. La régu larité, l’harmonie, la suite bien ordonnée n’étaient observées qu’à l’extérieur des monuments. S’il y avait plusieurs grandes pièces au dedans, elles étaient ordinai rement sans enchaînement, sans rapport entre elles. Nous avons donc dû nous en tenir quelquefois par cette raison, à ce qu’il y avait de plus saillant dans quelques édifices de notre moyen âge, nous proposant particulièrement de faire ressortir avant tout ce qu’ils renfermaient d’original, et par là môme d’applicable à quelque degré dans nos propres œuvres.