HOTEL DE VILLE DE MUNSTER. 157 principal que nous nous sommes proposé est assurément d’accorder nos pré férences aux meilleurs types en tout genre. Mais nous avons voulu aussi présenter des spécimens d’architecture civile pris de tous les pays de l’Europe, afin de faire mieux ressortir les dissemblances et les harmonies qu’ils peuvent offrir avec les nôtres. 11 entre donc en nos vues de donner des monuments qui nous sembleraient même défectueux dans un plus ou moins grand nombre de leurs parties, et qui, malgré leurs défauts relatifs, n’en auraient pas moins été imités bien souvent. L’hôtel de ville de Munster est un de ceux qui se pré sentent davantage dans les conditions que nous venons d’établir, et cependant, nous n’avons point hésité à le dessiner et le faire graver à cause de son origi nalité et de sa réputation généralement répandue de grande beauté. Nous en produisons une façade, qui est le principal côté par lequel on puisse mieux le connaître et l’apprécier. Chez nous, de pareilles constructions n’existent nulle part; nos anciens architectes ne pouvaient les admettre. Quoi qu’il en soit, si nous considérons notre planche, nous y voyons inférieu rement une galerie composée de quatre travées, quatre arcs ogivaux reposant sur de grosses et courtes colonnes à chapiteaux ornés de quelques feuilles, de têtes d’animaux et d’oiseaux. Un bandeau ou tablette pleinement refouillée reçoit les montants des hautes ogives du premier étage. Au-dessus d'elles, de puis sants faisceaux de moulures se terminent, à des hauteurs décroissantes du milieu vers les côtés, en clochetons ou pyramidions avec anges aux ailes mi-étendues et tenant des encensoirs. Trois étages de plus petites fenêtres en tiers point et de forme peu gracieuse, sont séparées, aux travées moyennes, par ces mêmes profils verticaux. De cette façon, le toit aux deux extrémités est déguisé par les pignons ainsi échelonnés entre eux. Ces arrangements, singuliers plutôt qu’imitables, se rencontrent dans un très-grand nombre d’édifices civils et domestiques du nord de l’Allemagne. Nous avons remarqué que cet hôtel de ville était le plus ancien des monu ments de ce genre que nous connaissions dans la contrée. Il est à présumer qu’il a beaucoup frappé l’imagination populaire à son apparition, et dès lors il aura servi d’exemple en maintes autres circonstances. De graves événe ments se sont en outre accomplis dans son enceinte; peut-être ce côté impo sant de son histoire l’aura-t-il rendu plus précieux encore aux lieux c-irconvoi- sins. C’est là que fut signé le fameux traité de Westphalie qui pacifia l’Europe après une lutte acharnée de trente ans. Dans une vaste salle située sur la façade postérieure du grand corps de bâtiment, sont demeurés à leur même place tous les portraits des princes et des ambassadeurs qui formèrent alors un congrès de meuré célèbre; leurs sièges recouverts de leurs mêmes coussins sont rangés intacts autour des murs, comme beaucoup d’autres objets de ces temps. On y montre aussi la main desséchée de Jean de Leyde, qui la perdit comme les parricides