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23 Planche IX. Le ciel se Charge de tant de nuages, et le temps paroit aujourd’hui si dispose alapluie, que je discontinuerai ma promenade, pour ne pas me risquer dans les rues de Pe'tersbourg, qui, dans les temps pltwieux, ne le cedent pas en de'sagre'ment ä celles meme de Venise. Cette interruption ne nuira point ä no- tre correspondance, et je n’en remplirai pas moins ma tache, gräces ä notre- bon compatriote Geissler, dont la touche fine et de'licate nous peint avec au- tant de verite que de naturel le caractere national des Russes. Quand meine je ne connoitrois pas tout le prix de la varie'te', je ne me flatterois pas moins de l’espoir que yous verrez avec quelque satisfaction la planche qu’il vient de finir. Cette repre'sentation fidcle d un courrier yous convaincra qu’en Russie, la poste va avec une ce'le'iite presque inconnue dans tous les autres pays. II est malheureux que les de'fenses expresses, faites aux courriers de se charger d’aucun voyägeur, empechent qu’on ne puisse profitter de cette maniere, aussi peu coiiteuse qu’expedidve, de se transporter kr de grandes distances, et que le libre usage des postes soit, en quelque Sorte, uniquement re'serve' aux cour riers du cabinet. Toute autre personne, qui veut voyager, est oblige'e, de se munir a la police d’un billet de poste (Podaryschna), sans lequel eile ne peut obtenir des chevaux*). On päye pour une werste deux Kopekis par cheval, et l’on paye double ä l’entre'e et k la sortie des villes capitales. La distance d’une poste a 1’autre est de 25 a 50 werstes, et l’on parcourt cet espace sans s’arreter nulle part, Pendant tout le temps, les postillons s’amusent ä chan- *) En llussie, oü personne ne peut quitter un lieu sans l’avoir fait annoncer dans les papiers publics, ce reglement est d’une haute sagesse. D’ailleurs cette precaution devient ahsolumcnt necessaire, si l’on veut que les postes soient hien servies, et qüe les chevaux nc: soient pas exöedes. L’utilite de ces billets fut meme sentie pär Auguste, a qui nous devöns, si nön 1’etablissement, du moins la restaura- tion des postes; et a Rome, on tenoit si fort a cet usage, qu’au rapport de Jules Capitolin, Fertinax allant exercer en Syrie la charge de prefet d’une co* horte, et ayant neglige de prendre des billets de poste, fut art ete et condamne, par le president de la province ä faire ä pied le chetnin depuis Antioclie jusqu’a sa destination. Cltez les Romains, ces billets s’appelerent ci’abord diplonta et dans la suite litterae evectionum. En France, ou, avant la revolution, les postes etoient ti es-bien servies, c’etoient les commandans des grandes villes et des villes de guerre qui doimoient les billets de poste.