Volltext Seite (XML)
V ous sentirez aisement, mon eher ämi, qu’nn se'jour de six mois ne sau- roit sullire, pour acque'rir une connoissance parfaite tl’une ville de trois milles et demi de circuit, aussi ai-je re'solu de me fixer encore quelque temps dans cette immense capitale du Nord. Je v r ous ai fait connoitre en partie, il cst vrai, le local de St.-Petersbourg, ses palais, ses temples et ses e'difices les plus remarquables; vous etes venu jouer avec moi, au mois de mars, sur les gla- ees de la Neva, vaus m’aveza ; ccotnpagne' danS les meilleures socie'te's, et vous savez a quoi vous en tenir sur la politesse et le hon ton de cette ville i eh bien l nous ne connoissons pourtant pas encore St.-Petersbourg. Suivez-moi, je vous prie , dans les barraques qu’on trouve dans cette superbe re'sidence; ve- nez-y jeter un coup d’oeil sur la vie. et les moeurs des basses classes du peu- ple. II s’y offrira a votre oeil observateur des particularite's et quelques ta- bleaux, qui ne peuveiit qu’eLre interessans. Je. n’assurerai pas qu’ils le fus- sent pour des gouts tres-delicats; mais ne pourrons-nous pas oublier pour quelques momens les idees et la recherehe du beau? Quant a moi, je pense que ce sacrifice devienL quelquefois un devoir. Entrez donc avec moi dans ces huttes ; melons- nous dans la foule. Mais quoi! me direz-vous! peut-on observer sans avoir un plan? Cette confusion de scenes disparates qui vont se passer devant nos yeux ne nous jettera-1-eile pas dans un chaos, et nous sera-t-il possible de tirer, de cette succession ra pide de faits, un re’s ul tat moral et sense'? Non en ve'rite, vous avez raison y un plan est indispensablement necessaire; aussi vais-je vous en proposer un; s’il n’estpasbon, il aura du moins le me'rite d’etre neuf et original, et ces quali- tes ne sauroient sürement lui nuire. De tout ce grand concours de peuples, vrai echantillon de toutes les na- tions, compose dMnglois, d’Allemands, de Francois , de Finlandois, de Celtes, d’Armeniens, de juifs, deTurcs, de liusses, etc. etc. nous nous bor- nerons ä observer ces derniers, et encore n’observerons-nous que les dernieres classes. Pour cet effet, nous prendrons pour guide . . . qui, devinez ? . . . Les colporteurs, et les regrattiers. . ’ I Vous riez!, N’allez pourtant pas vous moquer de moi avant de savoi-r ce qui me de'cide a faire ce choix. Cesgens, qu’ici l’on appelle Rasnosch- tschiki gagnent leur vie ä vendre en detail et a colporter dans les maisops toutes sortes de comestibles, en teile quantite' et de quelle qualite' qu’on lcs