Volltext Seite (XML)
— 63 — Sauuages errants, on fe met fous la conduite d’un de leur chef de famille, lequel a foing de vous nourrir & heberger comme fon domeflique, ou comme fon en fant, car de fe mettre au commun on ne ferait || pas 52 bien, & fi on n’y pourrait fubfifter longuement, pour ce qu’ils fefeparent fouuent pour la chaffe, les uns d’un codé & les autres d’un autre, & par ainfi nepouuant faire voftre cas à part, faudrait que mouruffiez de faim ou que retournaffiez auec les François. Celuy auec lequel le P. lofeph hyuerna fe nommoit Choumin, qui lignifie en langue Montagnatte un Rai- fin, les François l’appelloient le Cadet à caufe qu’il eft fort propre & net de fa perfonne, fent peu fon fauuage, & rend tout le feruice qu’il peut aux François qu’il aymecordialement&véritablement, & non feintement ou auec diffimulation comme l’on faiét pour le iour- dhuy. Pendant cet hyuernement, la femme de Choumin accoucha d’un garçon qu’il voulut eftre nommé Pere lofeph, qui eftoit le plus grand ligne d’amitié qu’il eut pû témoigner à ce bon Pere, car en effeét il l’aymoit de cœur & d’affeétion. Il luy dit doucement : Pere lofeph mon frere (ainfi l’appelloit-il) voilà ma femme qui eft accouchée d’un garçon, comment l’appellerons nous, ie voudrais bien qu’il fe nommait Pere lofeph. A quoy le Pere luy repartift qu’il vaudrait mieux qu’il luy donnait le nom de monfieur du Pont l’un des Capi taines & Chefs de la Traicte, qui ferait uri bon moyen de fe faire aymer de luy & de profiter en fes vifites. Car difoit le Pere lofeph, mon amitié t’eft des-ia toute ac- quife & t’aymeray toufiours fans cette gratification, &