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— io8 — fans icelles il ne ferait pas pofiible d’y fubiifter, ny de pouuoir refifterlong temps à tant de trauaux & d’auf- teritez, que de pauures pieds nuds, pauures Euan- geliques, & pauures en tous les biens & commoditez delà terre, font contraints d’y fouffrir Journellement, le confelfe que ie ne pourrais pas viure icy un mois 106 fans tomber malade, comme || i’ayvefcu parmy les Hurons un an entier en pleine fanté, & que s’il y auoit des Religieux par deçà qui vefcuffent de la forte, tout le monde les aurait en admiration, mais il n’y en a point qui en approchent. Le Pere Irenée proietta un autre voyage le long du grand fleuue vers les contrées de Tadouffac, pour y fonder le cœur des peuples qui l’habitent, & voir s’il y pourrait faire quelque chofe pour lefalut, autre que celuy de fon voyage precedent, mais qui ne luy reuffit guere mieux à fon extreme regret. Il fe miftdoncfous la conduite de fon Sauuage ordinaire, lequel auec tout plein d’autres y deuoient defcendre dans deux chalouppes de Compagnies. Les fleurs de Champlain & du Pont Graué leur firent à tous prefent de quel ques galettes afin qu’ils priflent un foin particulier dudit Pere, & en donnèrent encore d’autres pour luy particulièrement, lefquels ils menafgerent comme les Hurons firent de mon bifcuit, car, fi-toft qu’elles furent en leur polfefïion, ils fe mirent apres, & le iour & la nuiét, & ne ceflerent point que tout ne fut diflipé & mangé iufques aux miettes. De remede à cela il n’y en a point, il faut laiffer manger fon bien, & ne dire mot pour ce qu’autrement ils vous appelleraient Onuftey, auare & chiche, il