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— 3«9 — continuer et d’en modifier à son gré l’aspect et les valeurs ; de substi tuer, pour ainsi dire, son action à celle de la chambre noire, en se servant des mêmes moyens chimiques d’exécution. » A l’aide d’écrans, de la surexposition, de la réduction du dépôt d’argent, Blanquart-Evrard modifiait et le négatif et l’épreuve finale ; il avait donc, en 1863, créé l’épreuve originale et personnelle, ou au moins l’idée. Nous avons connu d’autres photographes et amateurs qui ont éga lement cherché à faire « œuvre artistique » ; mais, pour la plupart, comme Adam Salomon, c’est par les jeux de la lumière, des reflets, des écrans, etc., en modifiant l’éclairage du modèle, qu’ils limitaient leurs recherches. La nouvelle École cherche ses effets d’abord par l’étude de la compo sition, ensuite par le développement particulier du cliché, enfin — et surtout — par l’impression, variable suivant l’opérateur, de l’épreuve positive sur laquelle, par différents moyens, il opère des modifications dans les tonalités. L’étude de la composition du sujet a été en France l’objet de diffé rentes publications. En 1866, Alophe a publié une série de photogra phies dont il nous reste encore quelques-unes, que nous pouvons montrer à ceux qui s’intéressent à cette question. A l’étranger on s’est également intéressé à produire des clichés photographiques, dont la composition du sujet avait été l’objet de recherches esthétiques; les publications de Wilson, depuis trente ans, montrent ces préoccupa tions. Ces tentatives sont coûteuses et, pour en donner une idée, nous transcrivons ci-après un fragment de lettre de M. Boissonnas, de Genève, que nous avons déjà publié en 1892 : « Aux portes de Genève, sur les bords du Rhône, se trouvent de hautes moraines surplombantes qui dominent le fleuve. Une sorte de caverne y est creusée. » On ne peut rêver un décor plus grandiose et plus caractéristique pour une scène de l’âge de pierre. Je fis un premier essai au mois de mars de cette année, et j’avais placé quelques gamins autour d’un feu à l’entrée de la caverne pour me rendre compte de l’effet. Le résultat fut extrêmement remarquable ; la fumée s’échappant de la voûte passait à travers un arbre et était illuminée diagonalement en longs rayons lumineux par le soleil qui se trouvait au zénith presque en face de mon appareil. Cela formait un clair-obscur digne d’un tableau de Rembrandt. Enthousiasmé, je voulus obtenir cet effet sur une plaque de 50X60 et en faire un tableau complet. Je fis faire sous mes yeux une pirogue lacustre ; je dressai plusieurs sauvages et les entraînai par des répétitions sans nombre jusqu’à ce qu’ils fussent