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de la Nature. 95 l’homme , je ne sais quel goût pour la destruction. Si le peuple peut porter la main sur un monument , il le détruit. J’ai vu à Dresdse , au jardin du comte de Bruhl, de belles statues de femme , que les soldats Prussiens s’étoient amusés à mutiler à coups de fusil , lorsqu’ils s’em parèrent de cette ville. La plupart des gens du peuple sont médisans ; ils aiment à détruire la réputation de tout ce qui s’élève. Mais cet instinct malfaisant ne vient point dé la nature. Il naît du malheur des individus , à qui l’ambition est inspirée par l’éducation, et interdite par la société , ce qui les jette dans une ambition négative. Ne pouvant rien éle ver , il faut qu’ils abattent tout. Le goût de la ruine, dans ce cas, n’est point na turel , et est simplement l’exercice de la puissance du misérable. L’homme sau vage ne détruit que les monumens de ses ennemis ; il conserve , avec le plus grand soin , ceux de sa nation ; et , ce qui prouve que de sa nature il est bien meilleur que l’homme de nos sociétés , c’est que jamais il ne médit de ses compatriotes. Quoi qu’il en soit, le goût passif de la ruine est universel à tous les hommes. Nos voluptueux font construire des rui nes artificielles dans leurs jardins ; les sauvages se plaisent à se reposer mélan coliquement sur le bord de la mer , sur tout dans les tempêtes , ou dans le voi-