Volltext Seite (XML)
506 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. mains derrière le dos, assez serrées pour le mettre à la gêne, et on lui avait barbouillé de blanc le visage, ce qui est, par pa renthèse, une note d’infamie ; mais à minuit, ses complices ont trouvé moyen de se glisser dans la tente de Baraka et de déli vrer le prisonnier. Le chef de l’endroit a été fort mal accueilli, lorsqu’en suite il est venu nous faire hommage d’une chèvre. Volés par ses subordonnés, nous ne pouvions véritablement le traiter en ami. 12 novembre. Gouéni.— La grande barque, qui nous convoyait d’un peu loin, a fini par nous fausser compagnie. Nous l’avons remplacée par six petits bateaux et tous nos gens, du coup, se sont trouvés matelots. Nous y gagnons de marcher à notre fan taisie. L’aspect du fleuve continue à charmer nos regards, mais, après trois heures de navigation, il s’infléchit et se rétrécit no tablement. Tout au plus garde-t-il deux cents mètres de large, et sa profondeur moyenne varie de deux à trois brasses (3 m. 658 à 5 m. 487). Nous nous sommes ensuite arrêtés pour attendre notre bétail, que nous supposons fort en arrière de nous, chez Yaragonjo, le gouverneur de ces contrées. Rien de plus surpris que notre homme, lorsque, malgré les respectueux scrupules de notre guide, nous avons pénétré dans la hutte où la famille était assemblée. — Le chef nous a pris d’abord (à nos chapeaux) pour quelques sorciers du monarque, et voulait, par signes, nous persuader de sortir avec lui; mais nous avons fait la sourde oreille, et le fils de la maison, instruit de nos qualités, s’est mis en devoir de nous offrir un accueil convenable. Le palais n’étant pas de taille à nous contenir tous, on nous a montré des huttes où nous pourrions passer la nuit. Les hommes de ce pays doi vent être de grands chasseurs : il y a devant chaque cabane des harpons à hippopotames et des trophées de têtes de buffles. Les femmes, d’une beauté toute négative, portent leur mbougou coupé en deux falbalas, qu’elles fixent autour de leur taille par un cordon à coulisse. Elles ont, en guise de bas, des chapelets de grenaille de fer, très-bien entretenus et très-brillants, qui recouvrent la jambe depuis l’orteil jusqu’à la naissance du mollet. 13 novembre. Gouéni.— Un paquet de cartouches nous ayant été dérobé, nous supprimons les rations de viande, et le voleur se découvre comme par miracle. Yaragonjo, qui nous témoigne les dispositions les plus hospitalières, nous dirige vers un village des