2.06 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. reprises, les jeunes princes et moi — car Grant persiste à ne pas se rétablir — pêcher sur le lac et de préférence autour de la petite île Conty, qu’on prétend être la résidence favorite des hippopotames. Nous y trouvâmes bon nombre de crocodiles se chauffant au soleil, mais pas un hippopotame ne se montrait. Les princes, me prenant sans doute pour un novice , me dirent que l’endroit était positivement ensorcelé, mais qu’au moyen de quelques paroles magiques, ils feraient arriver jusqu’à mes pieds le gibier dont j’avais envie. Le fait est qu’appelés d’une certaine façon, nous vîmes bientôt paraître cinq hippopotames, dont quatre vieux et un jeune. C’était presque un péché de tirer sur ces pauvres animaux si dociles et si naïfs. Néanmoins, à la requête réitérée du roi, j’envoyai une balle dans la tête de l’un d’eux qui disparut sur le coup et n’a plus été retrouvé depuis. K’yengo attribue ceci à la rancune des démons aquatiques, dont j’ai envahi les domaines sans leur offrir la moindre vic time. Nnanaji a été blâmé pour m’avoir importuné au sujet du fusil que son instinct de chasseur lui faisait si vivement dési rer : en revanche, j’ai obtenu pour le frère de Roumanika la rétrocession du revolver que j’avais offert à ce dernier. Dans le cours d’une discussion astrologique, le roi m’a demandé « si c’était le même soleil qu’on revoyait chaque jour, ou si un nou vel astre naissait à chaque aurore? » Il s’inquiète aussi des intentions delà lune quand elle change de forme, et croit qu’elle se rit ainsi de la simplicité des mortels. 23 et 24 décembre. — Pendant la première de ces deux jour nées, le roi m’a présenté à ses cinq femmes, plus grasses les unes que les autres, et dont la dernière seule est d’origine plé béienne. C’est la fille de son cuisinier en chef. Toutes les autres tiennent aux plus grandes familles des districts voisins, et en me les montrant, Roumanika se proposait surtout de faire res sortir à mes yeux la considération dont il est entouré. Pour reconnaître ce procédé, je lui ai offert un disque de caoutchouc qui l’amuse au delà de toute expression. Un certain nombre de Vouaziwa, venant du Kidi et porteurs d’une certaine quantité d’ivoire, se sont présentés chez mon hôte pour lui rendre hommage. « ils ont vu naguère, disent-ils en répondant à mes questions, dans le pays d’où.ils arrivent, des hommes ressemblant à mes Vouangouana. Mais bien que ces