Volltext Seite (XML)
LA SPÉLÆOLOGIE. — LES EXPLORATIONS SOUTERRAINES. 19 la poulie est suspendue à une poutre, mise en travers, — ou à une chèvre de char pentier, — ou bien enfin à une chèvre-trépied (pour les trous étroits seulement). S’il y a des puits successifs, il faut faire descendre un certain nombre d’hommes sur les différents paliers, pour que les manœuvres puissent s’effectuer. Ces redans sont quelquefois très dangereux à occuper, à cause de leur pente glissante, de leur étroi tesse et des chutes de pierres venues d’en haut. Parlons maintenant de l’éclairage. Torches de résine, feux de paille, feux de bengale et pièces d’artifices de toutes sortes doivent être rigoureusement proscrits 1 ; leur fumée couvre à la longue d’une noire couche de suie les parois des grottes, et leur enlève leur principal attrait, le scintillement brillant et clair des stalagmites et stalactites : telles les cavernes de Han-sur-Lesse (Belgique) et des Demoiselles à Ganges (Hérault) sont, en plusieurs de leurs parties, encrassées pour longtemps sinon pour toujours, car le suinte ment finit par incruster la suie elle-même sous un dépôt de carbonate de chaux. L’huile de naphte et les lampes à pétrole (incommodes à porter) usitées maintenant à Han-sur-Lesse sont encore beaucoup trop fumeuses. L’éclairage électrique fixe tel qu’on l’a installé à Adelsberg (Autriche) est assurément l’idéal du genre: mais il n’est possible que dans les grottes déjà aménagées et suffisam ment visitées pour permettre les dépenses qu’il entraîne. En exploration, nous avons fini par nous arrêter à deux luminaires seulement : i° La simple bougie stéarique, aussi forte que possible, de 3 à 4 centimètres de diamètre, au besoin fabriquée exprès, avec de grosses mèches, pour que l’extinction ne se produise pas trop facilement par suite de mouvements brusques. Contre les courants d’air et les suintements parfois très violents, il est bon d’avoir une lanterne pliante de poche, à lames de mica transparent et incassable en guise de verres ; 2° Le ruban de magnésium que l’on brûle soit à la main, soit dans une petite lampe à réflecteur et à mouvement d’horlogerie. Le prix de cette substance ayant considéra blement diminué depuis quelques années et sa fumée blanche étant relativement faible et peu salissante, elle est par excellence l’agent lumineux à la fois puissant et portatif. Son usage comporte seulement deux précautions : d’abord, si on le fait consumer en le tenant à la main, il convient de ne pas laisser flamber le ruban jusqu’au bout, car la brûlure du magnésium est particulièrement douloureuse; ensuite il importe de ne pas en user de trop grandes quantités dans les cavités de petites dimensions, parce que l’oxyde de magnésium développé par la combustion a des propriétés purgatives qui, combinées avec l’humidité des grottes, deviennent rapidement gênantes. Les Autrichiens fabriquent des torches de magnésium et de salpêtre qui éclairent merveilleusement, mais coûtent fort cher. Convaincus de plus en plus, au cours de nos expéditions, que les appareils les plus pratiques sont les plus simples et les moins perfectionnés, nous avons dès la fin de notre troisième campagne renoncé aux piles électriques portatives : outre leur fragilité, elles sont encombrantes au possible, à cause de l’obligation qu’elles imposent de renouveler fréquemment le liquide chimique qui les actionne. Il faut en emporter d’embarrassantes bonbonnes de réserve, qui risquent de se casser, et de créer ainsi de sérieux embarras. Nous indiquerons cependant que la pile Trouvé (charbon et zinc) au bicarbonate de potasse, donne un bon éclairage pen- 1. Il faut pourtant se résoudre à les employer sous des voûte saussi colossales que celles de Saint-Canzian, qui atteignent jusqu’à 80 mètres de haut.