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7i Planche XXVIII. \ Cuisinierc de Pe'tersbourg marchandant du poisson. La grande population de cette ville, et les jeunes fre'quens, outout autre aliment, que le pain, les ve'ge'taux, le fruit et le poisson sont interdits aux Russes, font que, quoique la Neva soit tres-abondante en poisson, on ne laisse pas d’y en porter de loin, et de l’y vendre presque prive de la vie, et glace' en liiver. Mais quand on veut en avoir de vivant, on s’adresse aux niarchands qui tiennent leur poisson couvert avec un filet. SoufFrez k l’occasion de ce poissonnier que je cherche a vous faire perdre l’impression de'favorable, que, suivant votre lettre, mon marchand de the' vous a fait prendre de nos Rasnoschtschihi. Vous me permettrez de vous dire que vous etes un peu injuste, et que vous devez ne pas avoir ’pense dans ce moment au beau passage de nos livres saints, ou il est dit que Dieu vouloit pardonner ä toute une ville coupable, s’il s’y trouvoit uh seul juste. Mais avec votre se've'rite', je vois que vous fe- riez peu de grace aux niarchands. Je ne veux pas vous contrarier, et vous ferez ce que vous voudrez apres avoir lu l’anecdote suivante’. Un poissonnier de cette ville avoit constamment fourni de poisson une famille aise'e, que des malheurs re'ite're's ruinerent et re'duisirent ä l’impossibilite' de lui payer une somme vraiment conside'rable pour lui. Rien loin de tourmenter cette famille infortune'e pour s’en faire payer, l’honnete poissonnier continua de la pourvoir avec le meine zelc qu’aupara- vant, et l’on ne peut jamais le forcer k recevoir son payement, qu’apres que le clief de cette famille eit obtenu un emploi lucaratif. Eh bien! que dites-vous de cetruit? Les liommes, oui mon ami, les hommes sont naturellement bons. Quel dommage qu’on les rende tout autres! Quel que soit maintenant ton se'jour, ge'nereux poissonnier, que la paix t’y accompagne, et re^ois pour prix de tes vertus, l’assuranc« de mon amour, de mon ethne et de mon respect.