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5& Planche XX1I1. Un paysan finnois, ’qui arrive au marche' imme'diatement apres notre mar- chand de fleurs, vient de paraliser les ailes de mon imagination, qui, fran- chissant les espaces, m’avoient transporte' daus Pes vallons de'licietix de ma patrie, dans ces bois enchantes de f'Jaumbourg, oü, dans mon enfance, je parois de guirlandes de fleurs les boucles de nies cheveux, et oü fuyant la contrainte d’une e'cole enfumee , nous allions grimper sur des hetres pour y de'- nicher des oiseaux. Mais la vue d’un paysan finnois est bien faite, pour faire evanouir un reve, quelque doux qu’il puisse etre. Je vous ai de'ja parle' du triste e'tat de ees infortune's. Sous un ciel ri- goureux, attache's par le malheur de leur naissance ä un sol ingrat, qu’ils ar- rosent de leurs sueurs, ils gemissent sous le poids de la plus dure servitude. 3Ne nous e'tonnons donc pas, s’ils ressemblent, d’apres nature, au portrait que Schiller nous fait des He'breux, pendant leur captivite' en Egypte. *) On meprise ici ces infortune's, qu’on traite de mal-propres, de paresseux, de stupides, sans penser qu’on est soi-meme la cause des de'fauts qu’on leur rep röche. Meprise' de ses oppresseurs, le Finnois semble n’exister que pour la peine. Sa nourriture est si peu abondante, qu’il ne faut pas etre surpris, que ses bestiaux soient encore plus de'faits que lui. Les corve'es, auxquelles il est sujet, lui inspirent un tel e'loignement pour le travail, qu’il ne faut pas s’e'tonner non plus, qu’il ne fasse que ce qu’il est force' de faire, qu’il mette en tout le reste cette nonchalence qu’on lui reproche, et qu’il prenne le parti de voiturer au marche' un sac de carottes et un petit barril de beurre, qu’il pourroit aise'ment porter lui-meme. Le soir, il faut encore que sa mauvaise haridelle le traine chez lui. Il n’entre point de fer dans les charettes dont ces infortune's se servent, et souvent elles sont, comme celle-ci, sans aucune roue. Ils sont grands fumeurs, et employent quelquefois, faule de tabac des feuilles d’arbre. Le Russe, au contraire ne funie point, mais il aime beau- coup a prendre et a macher du tabac. Un marchand de saiken, c. a. d. de pain dorge, oflfre sa mar- chandise ä notre Finnois. *) Mission de Moiise. Petits erriis prosaiques de Schiller. Toni. T.