Volltext Seite (XML)
216 LANOUVELLE-CALÉDONIE. coquilles, ils se mirent à manger les cannes dont était faite leur pirogue. Le même vent souffla encore dix-huit jours ; il ne restait plus que trois paquets de cannes, sur lesquels ils pouvaient à peine se soutenir, quand une vague vint briser ce qui restait du radeau. Ils furent engloutis, et cette fois croyaient bien mourir, trop faibles qu’ils étaient pour nager. Mais les génies de leurs pères, qu’ils avaient invoqués avant leur départ, sortirent du grand courant de Balabio, où ils s’étaient retirés après leur mort, vinrent les enlever, les firent génies comme eux, et les portèrent au haut du pic d’Amoa. C’est de là que, tantôt sous la forme de pierre-oiseau, ou de pierre-cœur (apeïpaït), tantôt sous la forme de vent, ils apportent des conseils à leurs descendants qui ont re conquis leur territoire. C’est de là aussi que, lorsque les Canaques des rives vont au récif, sans leur avoir fait les sacrifices d’usage, ils leur envoient le mauvais vent et font chavirer leurs pirogues. Chaque fois qu’il meurt un chef d’Amoa, il va les rejoindre, devenant comme eux, pierre ou vent.