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162 LA NOUVELLE-CALÉDONIE. nourrit aux dépens de l’ennemi, loge dans ses cases, qu’il brûle en les quittant, mange ses ignames, détruit celles qu’il ne peut consom mer, et dévore les meilleurs quartiers des ca davres laissés sur place. J’insiste sur cet aban don des cadavres, car c’est pour une tribu une honte ineffaçable que de laisser sur le champ de bataille un de ses morts. Aussi, comme dans Y Iliade, voit-on, après des hostilités ma tinales qui n’ont été funestes à personne, le premier guerrier qui tombe devenir le centre d’un combat sanglant. Des cruautés inouïes signalent la victoire; on mange les morts, mais si l’on est pressé de quitter le champ de bataille, on se contente de couper leurs têtes, qu’on mettra pourrir comme trophées sur les tabous des cases. Les membres et le foie sont également emportés pour le repas. On bourre d’ignames crues le tronc, dont on a arraché les entrailles, on remplace la tête par une mar mite , et c’est une insulte pour la tribu (cape- illo, tête de marmite, répondant chez eux à toutes les acceptions de notre épithète de cru che'). D’autres fois on déterre les ignames d’un champ voisin, et on remplace chacune d’elles par un petit morceau du cadavre. Je me rap-