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DE LA SUISSE. 22 j jufqu' en 1774 inclufivement. On y voie les effets très-fen- fibles de la difette de 1771 fur les mariages ôt les naif- fances. L’interruption des manufactures durant cette ca lamité prefque générale en Suiffe , influa beaucoup fur la diminution de l’efpece humaine. On obferva que dans le feul Canton de Bâle, où une très-grande partie des habitans de la campagne eft employée à la fabrique des rubans , la grande cherté qui fit monter en 1771 le pain au triple & au quadruple du prix commun , occafionna l’expatriation de cent quinze familles, compofant quatre cent quatre-vingt-quatre perfonnes , qui fe tranfplanterent, avec l’agrément du Souverain, dans les Colonies angloi- fes de l’Amérique Septentrionale. En vain m’objeCtera- t-on qu’il ne faut au Canton de Bâle que quatre ou cinq ans pour remplir ce vuide, parce que le retour de l’abon dance ÔC en même tems celui des manufactures, établi ront la population ; mais il n’eft pas moins vrai que l’ex patriation énorme dont j’ai parlé , prouve que la popula tion dans un tems de cherté eft trop forte, relativement aux moyens de fubfiftance du pays. La difette de .1771 rédui- lit tous les habitans qui vivoient de falaire à la plus grande néceiïité. Le mal devint d’autant plus preflant, que dans le même tems toutes les manufactures cefferent prefque entièrement, & qu’il ne fe payoit plus que le tiers des falaires ordinaires ; les habitans que la fabrication faifoit vivre, avoient dix à douze fois plus de peine àfe nourrir que dans les années précédentes, puifqu’avec le tiers de leur falaire accoutumé, il leur falloit payer le pain trois à quatre fois plus cher. Rien n’eft fi effrayant que le tableau de la famine qu’ef- Tome riII. F f