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134 LE MUSEUM Mais laiflons la fable de Narcifle, pour nous occuper de la Statue qui eft fous nos yeux. La beauté en eft fi parfaite qu’on ne peut mieux retracer celle du modèle. Narcifle y eft exprimé à genoux fur la rive de la fontaine, étonné de fa beauté qu’elle reproduit, ou de fa reflemblance avec fafœur qu'elle retrace, ainfi que de la fatisfaôion qu’il éprouve. Tout fon vifage annonce ces fentiinens dont ne laiflènc aucun doute ce bras levé , cette main étendue qui prouvent le génie du Sculpteur, autant que la belle exécution de l’ouvrage attefte fe» talens. Cette Statue de Narcifle , outre le prix de la perfe&ion , a celui de la rareté. On ne l’avoit point publiée avant Gori, & dans aucun ouvrage, on ne voit rien qui paroifle avoir été fait d’après elle. PLANCHE LXII. PARIS, ou un Athlète vainqueur. L A Statue que nous examinons nous offre un jeune-homme remarquable par la beauté de fa figure, la correftion des formes , & les charmes de l’enfemble. II efi a (fi s fur un fiége fimple & élevé, &, de fa main, il montre ou préfente une pomme. Cette pomme fait naître au premier coup-d’œil l’idée de Paris, ce fils de Priam & d’Hécube, que fon père, effrayé par l’oracle qui lui avoit prédit que cet enfant cauferoit un jour la ruine de fa Patrie, avoit donné à Archélaüs pour le faire pé rir , & que cet Officier attendri fe contenta de livrer à des bergers du mont Ida qui l’élevèrent; qui enfin berger comme eux, choifipar Jupiter pour terminer le différend élevé entre Junon, Pailas & Vénus, donna à cette dernière la pomme que la Déefle de la difcorde avoit jettée fur la table des Dieux au feftin des noces deThétis & de Pelée, & fur laquelle étoient écrits ces mots : A la plus belle. Gori, ne retrouvant dans cette Statue , ni le bonnet Phrygien, ni l’habit de pâtre qui diftingue ordinairement Paris dans les anciens Monumens , ne veut point le reconnoître dans celui - ci, & il penfe qu’il repréfente un Athlète qui fe repofe après le combat & montre le prix de la viâoire, Le corps qui eft entière ment nud, la forme des cheveux qui font courts comme ceux des Athlètes, con tribuent à confirmer en lui cette opinion , que renforce encore le fiége fur lequel le jeune - homme eft affis , & qui rappelle celui fur lequel efi placé de même un Athlète vainqueur fur une des Pierres gravées du Muféum des Médlcis.