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i 122 LE MUSEUM Horace appellent Bacchus le Dieu couronné de pampres verds ; comme ces raifins, comme ces pampres que n’a point oubliés le Praxltèles de Florence, s’enlaflent bien avec Tes cheveux & en fouciennent agréablementles boucles! Point de Nébrlde ni d’autres vétemens fur un corps aufli beau. L’œil avide du con- noifleur peut en contempler tous les charmes que ne détruit pas fa vigueur. Derrière le Dieu, aflîs fur un petit tronc que recouvre la dépouille d’un chevreau , fe voit un jeune fatyre qui mange , avec un ris mêlé de malice , des raifins qne Bacchus tient de fa main gauche. Cette petite figure cft admira blement gTouppée avec la grande ; & , fi, dans toutes les Statues, il eft toujours un point de vue fous lequel elles offrent ce que l’on appelle le mauvais côté, il faut avouer que c’eft encore un écueil auquel eft échappé Michel Ange ; fous quelque face que l’on confidèrc fon ouvrage, on ne peut s’empêcher de céder au fentiment de volupté que fa beauté fait naître. PLANCHE L. BACCHUS Avec un Satyre. Nous allons encore mêler l'ouvrage d’un Florentin habile avec les chefs- - d’œuvres que la Grèce & Rome ont fait éclore. Cet ouvrage eft un Bacchus grouppé avec un fatyre , Stl’Artifte eft le célèbre Jacques Tattlus plus connu fous le nom de SanJJovin. La plume ne fauroit exprimer toutes les beautés qu’il renferme, l’accord admirable qui règne entre tous les membres, cette grâce, cette élégance, cette vérité qui féduit l’œil, & ne lui laide voir que la nature & fes charmes. La tête eft couronnée de lierre. Sur fon vifage on voit la feafatton qu’il éprouve , & l’on ne doute point qu’il ne favoure la douceur du vin qu’iî vient de boire & que contenoit la coupe qu’il élève avec tant de grâces. Si, dans tout le corps de ce Dieu, il eft des beautés fans nombre qui flattent l’œir du Connoifleur, il faut en convenir, ce bras fi noblement élancé , qui agit avec fi peu de gêne , qui a les formes fi exaftes , les mouvemens fi vrais , oui, ce bras feu! les furpafle toutes, & l’on peut le regarder comme une des plus précieufes produ&ions de l’Art. De l’autre main , Bacchus tient une grappe de raifins que convoite fort le jeune Satyre que l’Artifie a grouppé avec lui d’un che vreau fans doute immolé comme ennemi des vignes à l’honneur du Dieu d-j vin , & que Gori, par erreur, dit être aftïs fur fa peau. Vafari, dans la vie qu’il nous a donnée de Sanffovin , raconte que cet Artifte mit tant d'ardeur à faire cet ouvrage qu’il tint nud , pendant pluficurs heures au fort de I’hyver , Philippe Fabri fon élevé, dont il fe fervoit pour modèle*, & qui en eft mort peu de temps après.