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44 LE MUSEUM Profe. La Poéfie ne peut s’empêcher de mettre du merveilleux dans Tes compofi- tions, l’Hifioire ne doit fes veilles qu’à la vérité : l’imagination doit flatter les portraits faits par les Poètes, & la fidélité doit fouvent faire reculer d’horreur devant les tableaux tracés par l’Hifioire. Notre Statuaire n’aura pas adopté le fentiment de ces derniers Auteurs ; mais fuivant l’opinion de Diodore de Sicile, & de Plutarque, que nous avons cité d’abord, il aura donné à Clio la Lyre ou Cythare fur laquelle nous la voyons appuyée. Planche XIX. DIANE, VENATRIX. Paufanias rapporte que Pamphus efi le premier, qui, dans fes Vers ait donné à Diane le nom de k*aairt* qu’il avoit emprunté des Arcadiens, lefquels rêvé- roient lous ce nom cette Déefl’e dans un temple célèbre. Euripide , dans fon Hyppolite, lui donne auffi ce furnom. La Diane que repréfente la Statue que nous examinons a les contours telle ment purs, les proportions fi exaftes, tant d’accord dans Penfemble, tant de délicatefl'e & d’élégance, que ceue même épithète de Très-Belle lui pourroit conve nir : & les détails en elle ne nous charment pas moins que l’enfemble. Au-defTus d’un vifage agréable & d’une douceur févère , à l’endroit où les cheveux fe féparent, pour couronner les tempes, efi un croiflant, attribut ordinaire de cette Divinité. Sa chevelure efi retrouflée avec grâce derrière la tête. Avec quel art & quelle induftrie n’efi pas faite la tunique qu’elle porte ! Le vent ne femble-t-H pas fe jouer dans les plis de la Jlola qui retombe jufqu’aux pieds & que paroîtroit rider fon fouffle? Le génie de l’Artifie éclatte jufque dans cette agrafte avec laquelle il a rattaché la robe au milieu de la cuifie que, par cette adrefl'e, il laide à découvert ainfi que la jambe. Les pieds ont des fandalles dont les cordons font noués avec goût. II femble que la Déefl'e s’arrête après une courfe rapide qu’indique un certain mouvement répandu dans tous fes membres. Les bras font nuds jufqu’aux épaules : les fonftions de Diane l’exigent. Un de ces bras efi ployé fi naturellement & fon mouvement vers le coude & le poignet efi fi vrai, que l’on croiroit voir la Déefl'e elle-même prendre avec une grâce divine un de fes traits dans le carquois que portent fes épaules. Ce n’efi pas, il efi vrai , dans cette feule Statue que l’on remarque cette attitude , on la trouve dans plufieurs autres, & les Statuaires paroifiènt avoir voulu lutter les uns contre les autres à qui rendroit avec plus de vérité' ceue aétion difficile,