Volltext Seite (XML)
Sénèque : Enfin je suis logé, comme un homme doit être logé! II est présumable que les autres empereurs se contentèrent d’habiter le palais des premiers césars ; car les édifices qui portent les noms de Titus, de Trajan, de Caracalla et de Dioclétien ne sont que des Thermes, ou monuments pu blics, élevés par les différents empereurs qui leur ont im posé leur nom. C’était dans ces Thermes que le peuple venait goûter les douceurs du bain, et se livrer tout à la fois aux exercices du corps et à ceux de l’esprit; car ils avaient tous leur bi bliothèque et leur gymnase. Ils renfermaient de beaux portiques, des cours et des salles magnifiques, ornées de statues; on y trouvait aussi des bosquets et des allées déli cieuses pour se promener. Ceux de Caracalla avaient 4,200 pieds d’enceinte et pouvaient contenir 1,600 baigneurs; ceux de Dioclétien en contenaient 3,200, et avaient 4,276 pieds de circuit. Dioclétien avait fait transporter dans cet édifice la fameuse bibliothèque Ulpienne, du Forum de Trajan. Il y avait dans tous les thermes des hémicycles où les philosophes discutaient, les orateurs déclamaient et les poètes lisaient leurs vers ; c’étaient, comme nous l’avons dit, des écoles de sciences et d’exercices gymnastiques; de là, leur importance et leur étendue. Quoiqu’il en soit, la volupté y régnait en souveraine absolue, si l’on en croit ce vieil adage romain, qui renfermait en lui le nec plus ultrà du bonheur des sens : Vinum, Balnea, Venus. Que de souvenirs classiques réveille en moi ce vieux Forum, que les Romains d’aujourd’hui appellent bêtement le champ des vaches (campo-vachino), et cet illustre Capitole qu’ils appellent plus bêtement encore les champs de l’huile (campi d’olio) ! Voici cette voie Sacrée, que suivait Horace, lorsqu’il fut accosté par ce fâcheux, à propos duquel il composa une si belle satire. Je passe sous l’arc de Titus, où sont sculptées les dépouilles opîmes de la malheureuse Judée vaincue; et je ne puis regarder l’image de ce fameux chandelier d’or à sept branches, sans songer à l’original qui, dit-on, est enfoui dans les boues du Tibre et qu’il se rait si facile de retrouver, avec bien d’autres richesses, en