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H3 — l’esprit de ceux qui n’en ont pas. Mais je ne suis pas de cet avis et je pense, au contraire, qu’il faut avoir beaucoup d’esprit et connaître parfaitement sa langue pour faire un bon calembour, ou, si vous l’aimez mieux, un bon jeu de mots. D’ailleurs, Cicéron et saint Augustin en ont fait. Pourquoi monsieur Dupin et tant d’autres n’auraient-ils pas pu en faire? Donc, mon respectable avocat retraité s’amusait parfois à jouer sur les mots. Voici, du reste, un petit échantillon de son crû. Nous avions admiré ensemble les magnifiques portes de bronze exécutées, en 1602, sur les dessins de Jean Bologne, et nous étions arrivés devant celle qui, sauvée seule de l’incendie de 1596, a été placée au transept du sud; quand, m’adressant tout-à-coup la parole : — Savez-vous, Monsieur, me dit-il, pourquoi ce bronze- ci est plus humide que l’autre? — Je n’en sais rien. — Eh bien ! c’est parce qu’il est plus vieux. Ce n’était pas très-fort; mais enfin on pouvait faire pis à Pise. Il y a dans la nef du Dôme, vis-à-vis le maître-autel, une grande lampe de bronze, suspendue à la voûte par une longue et forte corde. Ou prétend que ce sont les os cillations de cette lampe qui mirent Galilée sur la voie de la théorie du pendule. Quand nous nous arrêtâmes près de cette lampe pour l’examiner, l’avocat se prit à sourire à une idée qui venait de lui traverser l’esprit : — Quel singulier rapprochement dans les noms, nous dit-il, et quel bizarre contraste dans les choses! C’est un Galiléen qui a sauvé le monde, et c’est Galilée qui l’a fait tourner! Après celui-là, il n’y avait plus qu’à tirer l’échelle. Pourtant, je n’en fis rien; car au Campo-Santo et au Bap tistère, ce fut un feu roulant de bons mots, qui ont mal heureusement échappé à ma mémoire. Tout ce dont je me souviens, c’est que les fresques naïves et parfois gro tesques qui recouvrent une grande partie des murs inté rieurs du Campo-Santo, nous fournirent un abondant sujet F. 8