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— 110 — vu. Il y a là une forêt de colonnes de toute espèce. Vous en trouvez en bas; vous envoyez en-haut; les unes, impo santes par leur grosseur et leur élévation ; les autres, ad mirables par leur grâce et leur légèreté. Comment appeler ce genre d’architecture? Je l’ignore. Quant à moi, je le nomme tout simplement le style pisan. Il y a dans cette cathédrale de fort beaux tableaux et une profusion de mar bres précieux. Les autels sont richement décorés, et celui du Saint-Sacrement est en argent massif. Enfin, les statues et les bas-reliefs abondent dans ce sanctuaire, digne en tout point de l’admiration des voyageurs. Le Baptistère, magnifique à l’extérieur, ne renferme, outre les fonts baptismaux, qu’une chaire de marbre blanc, sculptée par Nicolas de Pise et d’un travail remar quable par la finesse de son exécution. Mais ce qui est en core plus merveilleux, et ce qui ne se retrouve pas ailleurs, c’est un écho, le plus étrange et le plus harmonieux que j’aie jamais entendu. 11 répète, plusieurs fois, les phrases musicales que l’on lui jette, et met tant de suavité dans cette répétition qu’on dirait entendre une harpe céleste ou les sons mélodieux d’un orgue. Le Campo-Santo est un vaste cloître, qui dessine la forme d’un parallélogramme et qui est environné de charmants arceaux de marbre blanc, soutenus par des colonnettes on ne peut plus gracieuses. 11 est, tout à la fois, le musée de la mort et celui des beaux-arts. C’est là que, autour des tom beaux, la sculpture et la peinture murale sont venues se réfugier, comme dans un lieu de repos.où le silence et la paix les mettent à l’abri des injures du temps et de celles des hommes. La plupart de ces sculptures et de ces pein tures ont déjà traversé bien des siècles, et ce sont des morts d’un autre âge qui tiennent compagnie à ceux qui dorment à leurs pieds! Quant à la Tour penchée, elle m’a produit un effet désa gréable. Elle vous agace avec son inclinaison trop mar quée, et l’on dirait qu’elle est toujours sur le point de tom ber. Je ne pense pas que l’architecte, qui a présidé à sa construction, ait voulu vaincre une difficulté de son art,