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6*2 LA TERRE DE SERVITUDE. couché qu’il touchait presque du pied, il aurait hésité à faire un pas de plus vers la porte ouverte. Tout semblait tranquille, la ligure se baissa et se mit à ramper vers la tente où dormaient Sélim et son père, sans se douter du danger qu’ils couraient. Mais si Simba ne disait rien, il n’en était pas moins attentif. Ses yeux suivirent l’ombre qui rampait, jusqu’au moment où elle eut à moitié disparu dans l’ouverture de la tente. Alors il leva la tète, puis se dressa de toute sa hauteur et respira longuement comme quelqu’un qui reprend haleine pour un travail pénible. Puis il se baissa brus quement, saisit par les pieds le voleur nocturne, et enpoussant un cri de triomphe le fit tourner trois ou quatre fois autour de sa tête, et l’assomma sur une pierre; ensuite il le jeta par-des sus la haie. En un instant, tout le campement fut réveillé, et l’on vit briller çà et là des lumières. La cause de cette alerte fut bientôt connue, et les curieux, en grand nombre, sortirent pour voir le corps de celui qui avait été victime de son amour du vol ou du meurtre. Amir y alla aussi, et reconnut facilement dans le misérable un homme de la tribu des Ouahéhés. Il avait un bouclier de forme ovale, une lance au large fer, et une hache de combat. Cet attirail montrait assez quelles avaient été ses intentions. « Mon enfant, dit-il à Sélim, tu as à remercier Simba qui t’a sauvé la vie. Ta tête était tout près de la porte : si lu t’étais éveillé, c’en était fait de toi. Qu’as-tu à dire à Simba, Sélim? » L’enfant tourna ses grands yeux brillants vers la figure de Simba, où se montraient un honnête orgueil et une vive affec tion. Il mesura du regard ses membres de géant, ses bras re doutables, et sa large poitrine ; et au lieu de répondre à la ques tion de son père, il lui en fit une à son tour qui l’étonna beaucoup.