LA TERRE DE SERVITUDE. ICo le blé en farine; rien qu’à le voir, on devinait qu’il était dur et lourd. Le fer était large, solide et barbelé, bien aiguisé et bien poli. A la bampe était attachée l’extrémité d’une longue corde, faite en écorce de baobab. Pendant que les harponneurs se préparaient tranquillement, Kaloulou lit signe aux deux jeunes Arabes de regardera travers une mince haie de roseaux qui cachait la pirogue à la vue des hippopotames. Ces animaux remontaient doucement, sans défiance, en face de l’endroit où étaient les chasseurs. Quels magnifiques animaux ! Quels cous ! et quelle force épouvantable ils dénotaient. Le plus magnifique bœuf anglais primé dans un concours agricole aurait fait piètre figure à côté d’eux. Sans se douter du danger qu’ils couraient, ils remon taient à la surface pour respirer, pendant peu de temps, il est vrai, mais cette hardiesse les exposait beaucoup, car ils décou vraient presque entièrement leurs tètes et leurs cous. Le der rière de leur cou était d’un jaune brillant, tirant sur le rouge; le dessus de leurs yeux et de leurs oreilles était de la même teinte, qui se répétait par larges mouchetures sur leurs bajoues. Comme apparence générale la tète rappelle celle d’un cheval énorme; les traits où la ressemblance est la plus frap pante sont les yeux proéminents, les oreilles courtes et poin tues, et la courbure du cou. Quant au nez, c’est tout à fait celui d’un bœuf. Le nom que nous lui donnons vient du grec, et signifiï : cheval de rivière. Si les voyageurs grecs avaient fait plus intime connaissance avec ce pachyderme, ils l’auraient plutôt appelé : bœuf de rivière, ou porc de rivière. Pour qu’on puisse l’ap peler justement cheval de rivière, il faut que sa tète soit à moitié submergée. Quand on voit son mufle, on est tenté de l’appeler bœuf de rivière. On change d’avis quand on voit la masse énorme de son corps, et ses jambes qui sont courtes et