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LA TERRE DE SERVITUDE. 15 o — Nous verrons cela. Guerriers, portez-le à Férodia. » Et Sélim, malgré ses réclamations, fut emporté et déposé en présence de Férodia, qui était assis au pied de l’arbre, dans la cour. « Voilà le fugitif, dit Tifoum à Férodia, en mettant lourde ment la main sur l’épaule de Sélim. — Ha ! chien à face pâle, cria Férodia en colère. Pourquoi vous êtes-vous sauvé? Croyez-vous donc que cela arrangerait votre affaire? Parlez donc. — Je ne suis pas un chien, répondit Sélim avec empor tement; car l’idée de retomber dans un si dur esclavage l’exaspérait. Je ne suis pas un chien ; c’est vous qui êtes un chien. t — Eyah ! eyah ! écoutez-le ! Un esclave insulte Férodia le chef! s’écria l’obséquieux Tifoum. Insensé, savez-vous ce que vous dites ? — Silence, misérable ! cria Sélim de plus en plus exalté. Je vous défie, je vous méprise. Je vous regarde comme de la houe. Faites ce que vous voudrez, grand chef ; le petit Arabe ne pliera pas devant vous.» Férodia et Tifoum furent si surpris de sa véhémence et de son audace, qu’ils en perdirent la parole ; mais Férodia à la fin rompit le silence en disant avec colère : « Tifoum, m’entends-tu? Couche-moi cet âne obstiné sur le ventre, et cingle-lui le dos d’importance. Bats-le; bats-le; ne le ménage pas. » C’en était trop. A peine Férodia eut-il donné son ordre cruel, que l’esprit de résistance, l’âme du vrai Bédouin, s’éveilla dans Sélim comme par une commotion électrique. Son bras avait besoin de frapper; sa main, dont la force fut décuplée par la haine, s’abattit avec la rapidité de l’éclair sur la face de Tifoum. Tifoum chancela comme s’il avait reçu un coup de