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116 LA TERRE DE SERVITUDE. fut arrivé au territoire qui sépare l’Ourori et l’Outouta, pays de forêts et de bêtes féroces, il restait à faire trois longues marches, c’est-à-dire quatre-vingt-dix milles. Sélim et ses compagnons, outre la chaleur accablante qu’ils avaient à endurer, souffraient excessivement des lourds far deaux qu’on les forçait de porter, et qui leur meurtrissaient les épaules. Les trois premiers jours, on les laissa complète ment nus, car ils avaient été tout d’abord dépouillés de leurs vêtements précieux. Ce n’était pas, Dieu merci, l’étoffe qui manquait aux vainqueurs; mais ils trouvaient qu’ils n’en avaient pas assez pour la gaspiller et la donner à des esclaves. Qu’est-ce que c’est en effet que des esclaves? du bétail; on suppose trop souvent qu’ils peuvent vivre comme du bétail, et on les traite en conséquence. Ces trois cents esclaves étaient donc enchaînés; il est juste d’ajouter que les chaînes avaient été trouvées en quantité dans le camp des Arabes. Chaque esclave adulte avait le carcan de fer autour du cou. Quant aux enfants, Sélim, Abdallah, Moussoud, Isa, ce petit espiègle de Aiani, et les autres négrillons, ils étaient attachés avec des cordes par le milieu du corps, à six pieds les uns des autres, les plus grands en tête. Les esclaves adultes étaient divisés en quinze bandes de vingt hommes chacune ; chaque bande était surveillée par un sous-chef, ou par un homme de confiance. Les enfants formaient une bande que dirigeait Tifoum Byah. Si un homme, je suppose, avait à se laver la figure, la bande tout entière, avec son surveillant, était forcée de se détourner de son chemin pour la convenance de ce seul homme. Si, pour une cause ou pour une autre, un des prisonniers était forcé de s’arrêter, tous les autres étaient forcés de s’arrêter aussi, et le malheureux était soumis à toutes sortes de mauvais traite ments jusqu’à ce qu’on eût rejoint la caravane. Dans chaque bande d’enfants il y en a toujours un qui a besoin de quelque