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46 les ruines. et le nombre des intéressés à la conservation de l’État dé croissant, sa force et son existence devinrent d’autant plus précaires. D’autre part, nul objet n’étant offertà l’émulation, nul encouragement à l’instruction, les esprits tombèrent dans une ignorance profonde. Et l’administration étant secrète et mystérieuse, il n’exista aucun moyen de réforme ni d’amélioration ; les chefs ne régissant que par la violence et la fraude, les peuples ne virent plus eu eux qu’une faction d’ennemis publics, et il n’y eut plus aucune harmonie entre les gou vernés et les gouvernans. Et tous ces vices ayant énervé les États de l’Asie opu lente, il arriva que les peuples vagabonds et pauvres des déserts et des monts adjacens, convoitèrent les jouissan ces des plaines fertiles ; et, par une cupidité commune, ayant attaqué les empires policés , ils renversèrent les trô nes des despotes; et ces révolutions furent rapides et fa ciles , parce que la politique des tyrans avait amolli les sujets, rasé les forteresses, détruit les guerriers; et parce que les sujets accablés restaient sans intérêt personnel, et les soldats mercenaires sans courage. Et des hordes barbares ayant réduit des nations entiè res à l’état d’esclavage, il arriva que les empires formés d’un peuple conquérant et d’un peuple conquis, réuni rent en leur sein deux classes essentiellement opposées et ennemies. Tous les principes de la société furent dissous : il n’y eut plus ni intérêt commun, ni esprit public ; et il s’établit une distinction de castes et de races , qui ré-