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i6 LES RUINES. sa poursuite que tu me vois en ces lieux écartés ? Hélas ! j’ai parcour u la terre ; j’ai visité les campagnes et les villes; et voyant partout la misère et la désolation, le sentiment des maux qui tourmentent mes semblables a profondément affligé mon ame. Je me suis dit en soupi rant : L’homme n’est-il donc créé que pour l’angoisse et pour la douleur? Et j’ai appliqué mon esprit à la médi tation de nos maux, pour en découvrir les remèdes. J’ai dit : Je me séparerai des sociétés corrompues ; je m’éloi gnerai des palais où l’ame se déprave par la satiété , et des cabanes où elle s’avilit par la misère ; j’irai dans la solitude vivre parmi les ruines ; j’interrogerai les monu- mens anciens sur la sagesse des temps passés ; j’évoquerai du sein des tomljeaux l’esprit qui jadis, dans l’Asie, fit la splendeur des États et la gloire des peuples. Je deman derai à la cendre des législateurs par quels mobiles s’é lèvent et s’abaissent les empires y de quelles causes naissent la prospérité et les malheurs des nations y sur quels principes enfin doivent s’établir la paix des sociétés et le bonheur des hommes. » Je me tus; et, les yeux baissés, j’attendis la réponse du Génie. « La paix, dit-il, et le bonheur descendent sur celui qui pratique la justice. O jeune homme! puisque ton cœur cherche avec droiture la vérité, puisque les yeux peuvent encore la reconnaître à travers le bandeau des préjugés, ta prière ne sera point vaine : j’exposerai ii tes regards cette vérité que tu appelles ; j’enseignerai à ta raison cette sagesse que tu réclames ; je te révélerai la sagesse des tombeaux et la science des siècles... » Alors