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CHAPITRE III. 13 Comment des races saintes sont-elles moins fortunées que des peuples impies ? Homme fasciné ! où est donc la con tradiction qui te scandalise ? Où est l’énigme que tu supposes à la justice des deux ? Je remets à toi-même la balance des grâces et des peines, des causes et des effets. Dis : Quand ces infidèles observaient les lois des cieux et de la terre, quand ils réglaient d’intelligens travaux sur l’ordre des saisons et le cours des astres, Dieu devait-il troubler l’équilibre du monde pour tromper leur pru dence ? Quand leurs mains cultivaient ces campagnes avec soins et sueurs, devait-il détourner les pluies , les rosées fécondantes, et y faire croître des épines ? Quand, pour fertiliser ce sol aride, leur industrie construisait des aqueducs, creusait des canaux, amenait, à travers les dé serts, des eaux lointaines, devait-il tarir les sources des montagnes ? devait-il arracher les moissons que l’art fai sait naître, dévaster les campagnes que peuplait la paix, renverser les villes que faisait fleurir le travail, troubler enfin l’ordre établi parla sagesse de l’homme ? Et quelle est cette infidélité qui fonda des empires parla prudence, les défendit par le courage, les affermit par la justice ; qui éleva des villes puissantes, creusa des ports profonds, dessécha des marais pestilentiels, couvrit la mer de vais seaux, la terre d’habitans, et, semblable à l’esprit créa teur, répandit le mouvement et la vie sur le monde ? Si telle est ¥ impiété, qu’est-ce donc que la vraie croyance? La sainteté consiste-t-elle à détruire ? Le Dieu qui peuple l’air d’oiseaux, la terre d’animaux, les ondes de reptiles; le Dieu qui anime la nature entière, est-il donc un Dieu